La mer verticale, un beau roman graphique entre deux eaux

Les auteurs italiens nous confrontent d’une part à nos propres comportements égoïstes et aussi à la peur de la différence. Ilaria Urbinati apporte beaucoup d’élégance et de poésie à ce récit dramatique et plein de d’espoir. Et même si le titre La Mer verticale laisse songeur c’est un beau résultat.

Comment vivre de l’indifférence ?

India…vous ne connaîtrez jamais vraiment la paix… Mais on peut travailler à améliorer les choses pour vous.

La vie d’India est colorée et la joie de vivre est apparente. Elle devient sombre et incontrôlable quand elle rentre en état de crise de panique. À ce moment l’épouvante l’envahie. India est une maîtresse heureuse dans son travail, et apprendre aux enfants la comble de joie. 

Son autre plaisir est l’écriture, après des histoires qui font peur, elle écrit des histoires plus romantiques et poétiques pour les lire à ses élèves. Elle essaye de réduire son tempérament nerveux par des séances de psychothérapie. Elle ne peut plus perdre ses moyens dans la rue, dans sa classe. Quand ça se produit, elle s’effondre et s’évanouit. Les parents d’élèves ne supportent plus cette enseignante névrotique pour leurs enfants.

Roman intime et lumineux

Le scénario nous transporte dans un univers difficile qui nous confronte dans nos propres retranchements. Qu’aurions-nous fait pour nos propres enfants ? 

La dessinatrice Ilaria Urbinati a travaillé avec trois traitements graphiques qui s’opposent. Quand India vit, la couleur lui sourit, l’auteur sort des cases et composition conventionnelles. Quand India s’effondre dans des troubles du comportement, le noir et le blanc effacent la couleur. La structure des cases alterne avec verticalité et horizontalité quand elles ne sont pas en pleine page pour accentuer l’effet d’isolement. La dernière composition reprend le gaufrier classique pour mettre en scène India chez le psychologue. Neuf cases par page avec l’héroïne de face s’exprimant ou répondant aux questions du psy. 

La Mer verticale est un très beau roman initiatique et poétique sur cette maladie peu courante ou en tout cas peu évoquée.

Xavier de la Verrie

Brian Freschi (scénario), Ilaria Urbinati (dessin), La Mer verticale, traduit de l’italien par Claudia Migliaccio, Dargaud, 11 février 2022, 192 pages, 19,99 euros

Laisser un commentaire