De Napoléon et quelques autres sujets, la vie d’un historien

Le grand maître

De Jean Tulard, membre de l’institut et professeur émérite à la Sorbonne, les amateurs d’histoire napoléonienne ont retenu un essai comme Napoléon ou le mythe du sauveur (Fayard, 1977), des synthèses comme Le Grand Empire (Albin Michel, 1982) ou Le Premier Empire (PUF, 1992) et des biographies comme Napoléon II (Fayard, 1992) Murat (Fayard, 1999) ou Fouché (Fayard, 1998). Les cinéphiles l’apprécient également, notons-le, pour son dictionnaire amoureux du cinéma (Plon, 2009). Bref, Jean Tulard est un historien accompli, un intellectuel agile et adroit, toujours plein d’humour malgré la gravité de certains sujets abordés. Sur une suggestion de son disciple Thierry Lentz, De Napoléon et de quelques autres sujets compile ici des contributions et des articles (dont certains publiés par l’hebdomadaire droitier Valeurs actuelles). On va voir qu’il s’agit là d’un ouvrage de valeur.

Napoléon, jusqu’à la fin

On a souvent dit que Tulard n’aimait pas Napoléon : si c’est le cas, il avait raison car l’historien se doit d’être le plus impartial possible envers son sujet d’étude. Point d’émotions (ou le moins possible) ici mais la plus froide des analyses. Jean Tulard, jeune agrégé, s’est tourné vers l’étude du démiurge du Premier Empire au milieu des années 60, au moment où l’historiographie révolutionnaire était dominée par le courant marxiste avec à sa tête Albert Soboul.

Notre grand historien s’est donc battu pour redonner sa place à Napoléon comme continuateur de la Révolution : en témoignent ici des chapitres comme « Robespierre vu par Napoléon » ou « Bonaparte et le recrutement de la Légion de police de Paris sous la convention thermidorienne et le Directoire ». On notera ici la qualité de l’article « Problèmes sociaux de la France impériale » ou celui consacré aux « directeurs de ministère sous le Consulat et l’Empire ». Car Napoléon, et c’est une des contributions essentielles de Jean Tulard comme historien, fut non seulement un stratège militaire hors pair mais aussi un administrateur de génie.

L’historien chroniqueur de notre temps

Star du petit écran (on l’a vu dans Apostrophes dans les années 80), Jean Tulard a aussi beaucoup écrit pour les journaux. Sur l’histoire napoléonienne bien sûr comme dans cet article de 2014 publié dans Valeurs Actuelles, « La Louisiane abandonnée aux américains ». On le retrouve aussi sur des sujets plus « généraux », comme la chronologie en histoire ou l’avenir du dictionnaire. Plus inattendu ici est de retrouver un article de 1986 consacrée à Michel Platini : on peut être historien et apprécier le football.

Voilà donc un panorama des talents de Jean Tulard, en espérant qu’il écrira encore quelques livres.

Sylvain Bonnet

Jean Tulard, De Napoléon et de quelques autres sujets, Tallandier, mars 2019, 336 pages, 20,90 eur

Laisser un commentaire