Lord Gravestone, tome 1 : le baiser rouge

Le petit John Gravestone a huit ans quand il voit sa mère se faire dévorer par des loups. Ils rentraient d’une chapelle où ils priaient pour son père parti en mission. 17 ans plus tard, c’est à son tour de partir à la chasse. Mais les sous-bois ne recelent pas que des créatures naturelles… Ainsi s’ouvre la trilogie Lord Gravestone, et son premier tome, Le Baiser rouge, qui plonge le lecteur dans l’ambiance des romans fantastiques et rend un hommage marqué à Bram Stocker.

le baiser rouge, d’amour et de mort

J’ai besoin de marcher dans les pas de mon père, d’honorer sa mémoire et de venger sa mort.

Par cet acte démoniaque du baiser rouge, le prince vampire Achéron a ouvert la voie à la transformation de son aimée, Camilla. Deux hommes les avaient pris en chasse à travers l’Europe, Aleister et son frère, Luther, père de John Gravestone.

A Rome, Aleister, devenu grand prêtre exorciste, enseigne à ses jeunes recrues l’art de vaincre leurs ennemis, les démons et autres envoyés du Mal. Et il leur raconte l’histoire édifiante de la belle Camilla devenue incube puis vampire. Cet fut la compagne d’Achéron… En Angleterre, sur ses terres, John a fait le serment de poursuivre le combat de son père. Il va quitter l’Angleterre pour s’engager dans le combat de toute sa vie : venger son père, mort sous les griffes d’Achéron lui-même.

C’est un long combat engagé entre les forces de la chrétienté et celles du Mal que John va reprendre. Sans savoir vraiment vers quel adversaire redoutable il dirige ses pas.

Une histoire de vengeance

La qualité du récit est de tisser, sur un fond d’une noirceur insondable, deux belles histoires d’amour, au coeur du XIXe siècle. Elles vont se répondre à travers les époques, et les liens du sang ne sont pas toujours ceux du bonheur. John et Mary, qu’il va épouser contre l’avis de son père… Achéron et Camilla, qu’il va faire sienne pour l’éternité. Entre les amants illicites et les amants démoniaques, c’est comme un miroir tendu au lecteur qui montrerait qu’avant tout l’amour est la source de tous les possibles. Et source de toutes les vengeances, car celle de John n’est pas la seule, ni la plus violente…

La richesse du scénario est dans sa capacité à rendre hommage tout en évitant les lieux communs, et à surprendre le lecteur au détour d’une confidence… Il est porté par un dessin magnifique, profond, où les détails sont au service d’un trait toujours précis et d’une profondeur rare (par exemple les chauves-souris sublimées qui forment les ailes du vampire…).

Le premier tome de Lors Gravetsone permet de poser les fondements d’une histoire épique et d’immerger John dans sa propre quête. Le passé de ses aïeux lui sera révélé comme une nouvelle épreuve, une nouvelle menace. Quant au lecteur, il est happé par cet album noir à souhait !

Loïc Di Stefano

Jérôme Le Gris (scénario) et Nicolas Siner (dessin), Lord Gravestone, tome 1 : le baiser rouge, Glénat, mars 2022, 56 pages, 14,95 euros

Laisser un commentaire