Harlem, suite et fin de l’hommage vibrant à une femme hors normes

Augmentez le volume de votre poste, mettez le jazz à fond pour étouffer les coups de feu. Mikaël entoure de ses traits affirmés le deuxième et dernier tome d’Harlem. Il façonne avec force le tempérament d’une femme incontrôlable et déterminée qu’est Queenie.

Dans la vengeance noire d’Harlem

Vois-tu ma seule faiblesse de femme est d’aimer les hommes autant que je les déteste.

Stéphanie St Clair alias Queenie s’est forgée toute seule. Tel un acier trempé, affuté et incassable elle ne cède rien. Elle a acquis sa réputation de femme indomptable et elle mène son business de loterie clandestine qui l’a rendue riche.

Elle attise les jalousies et se retrouve confrontée d’un côté au baron de la bière et de l’autre à la mafia qui s’installe et veut tout rafler.

Bumby Jonhson, son bras droit (qui s’affiche sur la couverture de l’album), tente de négocier avec le patron de la mafia. Une part de la ville contre la protection de Queenie, mais elle refuse tout compromis. Pourquoi laisser ce qu’elle a conquis et contrôle sans partage.

Au milieu de ces guerres de tranchées citadines et fratricides, trône le capitaine Mc Cann. Il tient enfin le moyen de renverser Queenie, qui dans ses articles dénonce entre autres la corruption policière.

L’art de Mickaël fait résonner Queenie

Nous ne présentons plus Mikaël qui a une belle place à Boojum. Voici l’issue de cette troisième série après Giant & Bootblack qui mettent en scène la grosse pomme. Il s’est basé sur l’histoire authentique de cette femme qui a gravé l’histoire féminine de New York. Au même titre que Rosa Parks (femme noire qui luttait contre la ségrégation) et qui disait « Si nous baissons les bras, nous sommes complaisants envers les mauvais traitements, ce qui les rend encore plus oppressifs. »

Et même si Stéphanie St Clair prenait les chemins de traverses illégales pour créer son empreinte, elle était indépendante et devenue l’égal des hommes, en tout cas côté bandits.

Mickaël dépeint la femme noire la plus riche des Etats-Unis sous des traits magnifiques, tellement sombres avec cette volonté tenace de se venger autant des sévices subis que de la fierté des hommes à soumettre les femmes.

Faites réparer ma porte et appelez le concessionnaire : je veux une nouvelle automobile, une Cadillac cette fois, de la couleur habituelle et avant ce soir !

Rien ne devait lui résister, elle contrôlait autant sa vie que celle de sa garde rapprochée. On dirait aujourd’hui un tyran de la plus belle espèce. Mais cette femme était généreuse et prête à défendre ses congénères.

Sans rien dévoiler, l’auteur fait monter la pression dans cet ultime épisode, tous les vents sont contraires pour la diva de la loterie. Que va-t-elle devenir, trop de difficultés ombragent les cieux.

Deux tomes, c’est à la fois trop court mais intense à lire. Que dire de la puissance graphique de l’auteur ? La narration est parfaite malgré le nombre de protagonistes et celui de pages limitées. Harlem est à lire sans hésiter à partir de 16 ans.

Xavier de La Verrie

Mikaël, Harlem, 2/2, Dargaud, août 2023, 64 pages, 15,95 euros

Lire l’article sur le premier tome

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