L’amour la poésie, la gloire des mots d’Éluard

Un poète reconnu

On étudiait autrefois au lycée Paul Éluard (1895-1952), poète surréaliste, aussi militant communiste qui donna à la Résistance un de ses hymnes, Liberté. Avant la guerre et l’engagement, Éluard fut inspiré par le désir, l’amour, la douleur et ses muses Gala et Maria Benz surnommée Nusch. L’Amour la poésie est un recueil qui suit Capitale de la douleur, réédité ici par Folio dans une édition de poche.

La femme, toujours elle

Ici, Paul Éluard nous donne une poésie teintée de surréalisme, rarement rimée (le mouvement d’André Breton brocardait souvent cette habitude de rimailler). Éluard nous parle donc du manque de l’amour, des femmes :

« J’ai fermé les yeux pour ne plus rien voir

J’ai fermé les yeux pour pleurer

De ne plus te voir »

On sait qu’à l’époque, la vie sentimentale du poète est compliquée. Gala ne va pas tarder à le quitter pour Salvador Dali. On ne peut s’empêcher qu’il la célèbre :

« Le sommeil a pris ton empreinte et la colore de tes yeux. »

Il la célèbre, il se souvient. Il la chante aussi. Comme tout amoureux, il ne voit qu’elle au monde, elle l’obsède au moment de son départ prochain, de ses infidélités.

« Toi la seule et j’entends les herbes de ton rire »

La douleur, et après

« Il fallait bien qu’un visage

Réponde à tous les noms du monde »

Éluard donc ne fait pas de rimes. Mais Éluard sonne juste. Il faut avoir un jour aimé pour comprendre ces vers, des flèches qui vont droit dans les plus grands secrets que cache une âme. Éluard donc perdit Gala mais il y eut Nusch ensuite. De la douleur naît ensuite la lumière. On ne peut donc que recommander L’amour la poésie, surtout que notre époque est singulièrement privée de cette grâce des poètes.

Pour Nesrine

Sylvain Bonnet Paul Eluard, L’amour la poésie, Gallimard Folio, janvier 2023, 112 pages, 3 euro

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