« Le Coq de Renato Caccioppoli » de Jean-Noël Schifano

Romancier et traducteur de l’italien, amoureux de Naples dont il a été fait citoyen d’honneur, Jean-Noël Schifano y situe son récit Le Coq de Renato Caccioppoli, comme un hommage à l’indomptable ville toujours éprise de liberté à travers l’un de ses personnages improbables et merveilleux, le mathématicien Renato Caccioppoli (1904-1959), par ailleurs petit-fils de Bakounine…

 

Hitler et Mussolini, mai 1938

Quelques jours avant l’historique rencontre à Naples entre le Mussolini et Hitler — car c’est en somme de cela qu’il s’agit, c’est ce moment qui va guider le récit —, alors qu’il est interdit aux hommes de se promener avec un chien de petite taille (ce qui n’est pas assez viril), le professeur Renato Caccioppoli signale son divin mépris pour le fascisme étriqué de ses contemporains en promenant un coq. Ce geste n’est ni le premier ni le dernier mais il est emblématique du mépris que le petit-fils de Bakounine adresse sensiblement à la doxa. La mendicité est interdite ? il ira mendier. Le napolitain est proscrit, il fera ses cours en napolitain. Fort esprit et forte tête !

 

Renato Caccioppoli

 

La geste antifasciste

Le Coq de Renato Caccioppoli permet à Jean-Noël Schifano de redire son amour pour Naples, pour Elsa Morante (déjà célébrée dans E.M. ou la divine barbare) et de crier son mépris du fascisme, des hommes durs comme de plus misérables suiveurs (Victor Emmanuel III par exemple). 1938 est loin, pourtant Schifano est comme assailli par ce passé, au point d’en extraire quelque stigmates toujours aberrants (est-ce pour cela que le début de son récit s’arrête sur des migrants au métro La Chapelle à Paris qui seraient comme un héritage du temps où les hommes n’aimaient pas les hommes ?) et de montrer la figure d’un héros simple qui fait de son excentricité la pire injure au régime qui compte bien uniformiser la vie pour mieux la contrôler.

De quoi Caccioppoli est-il le contrepoids ? d’un « Gaetano Azzariti (Naples, 23 mars 1881 – Rome, 5janvier 1961), président du Tribunal de la race, conseiller juridique de Bénito Mussolini et puis, dans la foulée, bras droit juridique de Palmiro Togliatti. Extrême-onctionné d’huile saintes, il meurt président de la Cou constitutionnelle », manière de Maurice Papon à l’italienne…

Un peu trop bavard sans doute (nombre de ses phrases sont des accumulations de termes juxtaposés, comme s’il craignait d’en manquer), et surchargés de références (il faut bien connaître Naples et l’Italie pour s’y retrouver parfois), Le Coq de Renato Caccioppoli est un bel hommage à la liberté et à l’intelligence.

 

Loïc Di Stefano

Jean-Noël Schifano, Le Coq de Renato Caccioppoli, Gallimard, avril 2018, 103 pages, 10 euros

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