Le vrai visage du Moyen-âge, un monde à retrouver

La fine fleur des historiens contre l’ignorance et les préjugés?

Le moyen-âge est souvent ignoré, voire méprisé par le grand public et ce malgré les travaux de grands historiens comme Georges Duby ou Jacques Le Goff. Pour le réhabiliter, les éditions Vendémiaire ont fait à Nicolas Weill-Parot, directeur d’études à l’École pratique des hautes études (Section des sciences historiques et philologiques) et titulaire de la chaire « Histoire des sciences dans l’Occident médiéval ». Pour l’aider à codiriger ce livre, il a fait appel à Véronique Sales, fondatrice des… Editions Vendémiaire. Ils sont secondés dans leur entreprise par de grands spécialistes comme par exemple Philippe Contamine, Jacques Verger, Colette Beaune ou Gabriel Martinez-Gros.

 

Bannir les idées reçues

Une certaine historiographie fait du Moyen-âge un temps de fanatisme ou d’obscurantisme (Voltaire n’a pas aidé), opposé aux lumières de l’Orient. On voit ici Gabriel Martinez-Gros venir à la rescousse, critiquant par exemple l’image actuelle des croisés, vus comme des meurtriers sanguinaires. Le même insiste pour « désenchanter » l’Espagne musulmane, où les fidèles des trois religions ne vivaient pas, loin s’en faut sur un pied d’égalité. Quant à Patrick Gautier Dalché, il démontre que les hommes de science de la période n’estimaient pas dans leur majorité que la terre était plate, loin s’en faut et Jacques Verger montre avec soin, derrière la prééminence de la scolastique, que l’université n’était pas un repaire de fanatiques (même s’il y en eut). Derrière la nécessité de démontrer que la période est loin d’être obscure et réductible au fanatisme religieux de l’inquisition, notons cependant un systématisme « révisionniste » parfois agaçant.

 

Naissance des nations ?

A Philippe Contamine et Franck Collard revient la tâche de démontrer que la nation française commence à exister au Moyen-âge (comme la nation anglaise d’ailleurs, véritable sœur siamoise du futur hexagone). Et l’excellent biographe de Charles VII a beau jeu de démontrer les signes ici et là d’une identité nationale naissante, surtout au nord de la Loire et articulé autour de la figure du souverain. En cela, il paraît clair que la guerre de cent ans entre Angleterre et France joua un rôle décisif. En conclusion, n’ayons pas peur de dire que nous sommes des enfants du Moyen-âge.

 

Sylvain Bonnet

Nicolas Weil-Parot & Véronique Sales (sous la direction de), Le Vrai visage du Moyen-Age, Vendémiaire, octobre 2017, 410 pages, 25 euros

Laisser un commentaire

%d blogueurs aiment cette page :