Les aveux, John Wainwright, une variante de Garde-à-vue

Ecrivain britannique, John Wainwright (1921-1995) a fait les belles heures du roman policier. Avec un style minimaliste et une précision chirurgicale, il apprécie plus que tout la confrontation entre un nanti irréprochable et un policier débonnaire. Initialement publié en 1986, Les Aveux n’a rien perdu de sa force et comblera toutes les attentes !

Une confession ?

L’homme est pharmacien, petit notable dans une ville balnéaire. Il forme avec sa femme un couple apparemment parfait, discret et renfermé mais pas le genre qu’on irait soupçonner de quoi que ce soit. De la bonne société. Ensemble sur les bancs de l’école, de familles qui se connaissaient. Tout avait été tracé par avance pour eux. Un bonheur calme et tranquille. En ligne droite.

Et pourtant, il se rend volontairement au commissariat et déclare qu’il a empoisonné sa femme, qu’il ne supportait plus. A ce point ? Oui, à l’écouter, c’était une mégère insupportable ! Pourtant son repas est préparé, sa maison est propre, elle s’occupe comme elle le peut en s’investissant dans des œuvres. Seul vrai reproche : elle n’a pas la fibre maternelle.

Au cours de la nuit qui va l’opposer à l’inspecteur-chef, qui l’écoute parce qu’il est payé par le contribuable pour cela, et qu’il s’ennuie, les aveux vont d’abord rencontrer un incrédule, puis un curieux et enfin un consciencieux inspecteur qui saura trouver la vérité entre les lignes.

Le polar, un art majeur

Pour résumer, je suis un homme modéré. Il m’est difficile de déborder d’enthousiasme pour quoi que ce soit. Les rares plaisir que je m’octroie sont simples et peu coûteux. Ils n’impliquent aucune forme d’obsession. / Moyennant quoi, je ne haïssais pas Norah. / Je me contentais de la détester… intensément !

John Wainwright parvient a réutiliser une troisième fois son schéma narratif pour perdre son lecteur dans toutes ses certitudes. On retrouve en effet le couple bourgeois qui s’ennuie et ne s’aime pas, le duel confesseur – policier, le huis-clos, tous les ingrédients qui firent le succès de A table (adapté au cinéma par Claude Miller en 1981 sous le titre de Garde-à-vue avec Lino Ventura et Michel Serrault) et de Une confession. Et pourtant, en terrain si connu, John Wainwright promène son lecteur et se joue de lui avec une nonchalance sans pareille.

Les chapitres alternent, un moment du récit et un moment de l’affrontement entre les deux personnages. Petit à petit tout se met en place et ce n’est qu’à la dernière pièce que

Quant au dénouement, il en surprendra plus d’un ! Les Aveux impose un faux-rythme au lecteur, et puis soudain, tout s’écroule ! Maestria !

Loïc Di Stefano

John Wainwright, Les Aveux, traduit de l’anglais par Laurence Romance, Sonatine, 205 pages, 20 eur

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