Marcher dans les bois, Le guide amoureux de la forêt

On connaissait l’homme qui murmure à l’oreille des chevaux. Voici celui qui parle à l’écorce des arbres. Il s’appelle Peter Wohlleben. Ce naturaliste allemand, qui a consacré aux arbres et aux animaux de la forêt plusieurs ouvrages. Celui-ci est le dernier en date, titré Marcher dans les bois. C’est un bouquin agréable à lire, écrit sur le ton de la conversation, sans prétention littéraire, mais très bien traduit. Il est en outre illustré de superbes photos, prises dans les forêts européennes, qui représentent le vivier de curiosités de notre auteur. 

derrière le rideau d’arbres

L’ouvrage est découpé en chapitres, souvent courts, qui abordent avec pragmatisme les mille et un bonheurs, difficultés, dangers, découvertes, qui se cachent derrière le rideau d’arbres où le promeneur souhaite s’immerger. Les champignons, les différentes essences, les redoutables tiques, les bûcherons, la pluie, le loup, la fabrication du bois, la chasse, la forêt la nuit, manger, s’habiller, survivre dans les bois, l’exploitation des arbres … et bien d’autres thèmes sont traités ainsi, sans romantisme, avec une bonne lucidité. Marcher dans les bois est un bon guide pour un amateur peu chevronné, qui veut à la fois connaitre la forêt et s’y promener. Il pourra éviter quelques pièges que ce monde (plus ingrat que l’on croit) réserve à l’imprudent.

Peter Wohlleben est beaucoup moins pertinent lorsque, est aveuglé par son adoration de la sylve originelle. Il en oublie que la forêt de nos pays tempérés est un lieu planté d’arbres, cultivé et géré par l’homme, dont la fonction économique, touristique, écologique et sociale, est avérée de longue date. Cette lacune lui fait écrire quelques bêtises. Par exemple lorsqu’il parle des « plantations de pins, d’épicéas et d’autres résineux, plantations monotones qui n’ont plus rien à voir avec la nature ». C’est bien mal connaitre les forêts scandinaves, les plus grandes d’Europe, ou plus simplement la forêt des Landes, qui constituent un réservoir de nature irremplaçable. 

Autre bévue regrettable : « Il n’y a pas d’incendie naturel dans l’écosystème européen ». Il reste à apprendre à Peter Wohlleben que la foudre allume tous les ans des dizaines de feux dans les forêts françaises. Et que tous les habitants de notre pays ne sont pas des pyromanes. Ni des pollueurs attachés à détruire la forêt, au point qu’elle devienne parfois ce « désert vert », qu’il s’enhardit imprudemment à décrire, faute, une fois encore, de bien connaitre le sujet. 

Des animaux et des arbres

L’auteur est heureusement bien mieux inspiré quand il célèbre les animaux, grands et petits, qui habitent dans et sous les arbres ; qu’il peint ces arbres, résineux ou feuillus, leurs formes et leurs couleurs, changeant au rythme des saisons ; qu’il amène les enfants voir les traces du renard dans la neige, admirer la beauté des mousses, ou entendre le martelage des pics sur les troncs.

De ce monde enchanté et salutaire de la forêt, l’homme a de plus en plus besoin. Et il est heureux que Marcher dans les bois concourt à augmenter l’intérêt et l’amour qu’il faut lui porter. 

Didier Ters

Peter Wohlleben, Marcher dans les bois, éditions Les Arènes, 300 pages, sortie mars 2021, 24,90 eur

Laisser un commentaire