L’Étiquette à la cour de Versailles et son univers impitoyable

On ne connaît pas trop Daria Galateria qui n’a pas été traduit jusqu’ici de ce côté des Alpes. Elle est professeur de littérature française à La Sapienza, l’université de Rome. Elle a travaillé à des éditions en italien de Proust et Saint Exupéry et s’est intéressé également aux religieuses de Port-Royal. Les éditions Flammarion ont traduit et publié en mai dernier L’Étiquette à la cour de Versailles, véritable inventaire à la Prévert de ce qu’il faut faire et pas faire quand on est courtisan à l’époque de Louis XIV.

 

L’étiquette à la cour de Versailles : un univers impitoyable

Chaque entrée de L’étiquette à la cour de Versailles réserve des surprises. Le rang obsède en fait l’univers curial, réglé par le prince qui n’a cependant pas tout pouvoir sur ses courtisans : durant la guerre de Hollande, les maréchaux de Louis XIV refusent d’être placés sous le commandement de Turenne, simple général et le Roi est obligé de s’incliner. La question des tabourets (qui y a droit ? que faire lors d’une entrée du Roi ?) pour duchesses et princesses du sang provoquera une certaine hilarité du lecteur contemporain.

 

 

La logique de l’étiquette

Reste un reproche qu’on peut faire à L’étiquette à la cour de Versailles. La logique de cet univers échappe complètement au lecteur actuel. On sourit au fait que les grands sont prêt à débourser 60 000 écus pour avoir le droit de retirer les selles royales du siège sur lequel l’auguste Louis XIV avait fait ses besoins. Mais pourquoi sont-ils prêts à cela ? Avec raison, Daria Galateria mentionne la Fronde comme une des causes de cet univers versaillais si étouffant : noblesse et Roi se sont retrouvés et ne voulaient plus de discorde. Soit. Mais pour analyse plus poussé de la Cour, on se tournera vers Norbert Elias (La Société de cour, « Champs» Flammarion, 2008) et vers Fanny Cosandey (Le Rang, Gallimard, 2016).

 

Sylvain Bonnet

 

Daria Galateria, L’Étiquette à la cour de Versailles, traduit de l’italien par Françoise Antoine, Flammarion, mai 2017, 320 pages, 24,90 euros