Manuel de résistance au fascisme d’extrême gauche de Gilles-William Goldnadel
Avocat et essayiste, Gilles-William Goldnadel, auteur entre autres du Nouveau bréviaire de la haine (Ramsay, 2001) et de Réflexions sur la question blanche, (éditions Jean-Claude Gawsewitch, 2011). Il revient dans son Manuel de résistance au fascisme d’extrême gauche sur une grande question de notre temps : les antifascistes ont-ils changé de camp ? Sont-ils toujours les garants de la paix et de la concorde et peuvent-ils toujours prétendre incarner le barrage entre la haine de l’autre et le vivre-ensemble ?
Résister
Un coup de tonnerre vient de retentir au pays de Voltaire. Avec son Manuel de résistance au fascisme d’extrême gauche, Gilles-William Goldnadel sonne le tocsin : face au conformisme dominant, et malgré la doxa autorisée, convenons que la gauche a mal vieilli. Elle qui, hier, interdisait d’interdire, préfère aujourd’hui censurer plutôt que débattre, comme si « le fascisme était aujourd’hui situé à l’extrême gauche de l’échiquier politique, intellectuel et médiatique », écrit-il.
Faisons un peu d’étymologie. Qu’est-ce que le fascisme ? Historiquement, c’est une doctrine, ou un système politique nationaliste et totalitaire que Mussolini avait établi en Italie en 1922, à partir d’idées issues du nationalisme et du socialisme. Aujourd’hui, c’est une doctrine ou un système politique qui tend à instaurer dans un État un régime totalitaire du même type. Voilà pourtant, que l’auteur de ce bref manuel accuse le fascisme d’avoir changé de camp. Mais ce livre n’a pas cette seule vocation : il veut aussi « connaitre l’adversaire et comprendre pourquoi il est devenu « fasciste ». » Il écrit d’ailleurs :
J’écris « fascisme » parce que malheureusement à force de matraquage par l’extrême gauche en majesté idéologique, ce mot, historiquement précisément marqué, a été dénaturé, dévalué, galvaudé. J’aurais dû écrire esprit borné, intolérant, prompt à la censure et à l’excommunication, indulgent à l’égard du terrorisme et de la violence, y compris antisémites, obsédés par la race et le genre, habile à la victimisation, coupable d’occulter les vraies victimes, et dernièrement, promoteur obsessionnel de la détestation du mâle blanc hétérosexuel.
Des « fachos » déguisés
À la manière d’un renvoi à l’envoyeur, Gilles-William Goldnadel dénonce les anti-fascistes d’être devenus des « fachos » déguisés, de mettre en pratique la leçon de leur maître Staline : affubler tout adversaire de l’accusation de fasciste. Le temps qu’il passera à se justifier sera autant de temps pour faire gagner ses propres thèses. De ce manuel de combat culturel, de résistance face à l’adversaire, à l’adversité et aux mensonges, on tire encore ce passage brillant : « Dans le camp de rééducation morale où voudraient nous enfermer les gardes-chiourme gauchisants du politiquement correct, chaque mot est épié. Untel est sexiste. Cet accent est raciste. Cette expression est homophobe. On ne plaisante plus. D’ailleurs, selon les humoristes diplômés de France Inter, l’humour ne peut être que de gauche. Et je ne plaisante pas. (Voir Le Monde du 18 juin »).
Il est vrai qu’au nom de ce prétendu fascisme, prétendu racisme, de cette prétendue haine de l’autre, prétendue tentation totalitaire, l’avocat décide de renvoyer dos à dos deux idéologies similaires et parallèles, nazisme et communisme, afin de montrer que les caricatures que la gauche bien-pensante et conformiste essayent de dresser des candidats de la droite conservatrice en France ne sont qu’outrances et falsifications. Il dénonce les manœuvres politiciennes et d’intimidation auxquelles les partisans de la gauche radicale se livrent pour faire taire leurs opposants, comme Éric Zemmour en France, que l’on veut empêcher de parler, que l’on décide de droit de faire taire en lançant des « fatwa » laïques contre lui et ses sympathisants et militants.
Il y a l’extrême gauche activiste d’origine américaine qui intimide les annonceurs de journaux qui n’ont pas l’heur de lui plaire. Le mouvement des Géants Endormis (« Sleeping Giants ») qui a eu les honneurs appuyés du Monde et de France Inter, en est l’illustration la plus grimaçante. Dès lors que par décret de droit quasi divin, celui-ci considère arbitrairement que telle publication (de droite évidemment) présente un contenu « haineux », un message est adressé à ses annonceurs. Certains, par conformisme intellectuel ou par pusillanimité commerciale, préfèrent battre en retraite. Fort heureusement, certains nains se sont réveillés pour contrer ces géants fascisants.
Afin de lutter contre une acception dévoyée du fascisme, et rétablir des vérités, l’avocat Maître Goldnadel prend la plume. Ce n’est pas la première fois de sa carrière. Mais il faut en cesser avec ce harcèlement par les Antifas des candidats de la droite conservatrice comme Marine Le Pen ou Éric Zemmour, alors que les candidats de l’extrême-gauche ne subissent aucune pression, voire font des meetings politiques en toute sérénité. Où est passée la liberté d’expression aujourd’hui, pourtant si chère à la France, et à laquelle ce pays prétend être très attachée ? Pourquoi désormais l’on annule des séminaires à l’Université, on déprogramme des conférences à Science-Po, des militants d’extrême gauche viennent faire le coup de poing dans des salles où se déroulent des rencontres entre militants déclarés désormais « interdits » par leurs bons soins, sans même que l’institution ne s’en mêle, préférant se coucher devant les exigences de mouvements aux méthodes totalitaires, que de risquer des débordements ?
La lâcheté des pouvoirs publics, la complaisance des médias et du service public, les petits reniements conduisent notre pays au bord du chaos social, et à une guerre civile à bas bruit. Il dénonce le « racisme sélectif », citant par exemple Spike Lee, le « réalisateur « antiraciste » adulé par le Monde, Libé et le tout-Cannes », lorsque, visitant l’Afrique du sud, il déclare : « je voulais sérieusement prendre une arme et tirer sur des blancs. La seule façon de résoudre les problèmes est un bain de sang ». Il dénonce ce curieux idiome de « racisme blanc systémique ». Il dénonce un nouvel antisémitisme qui ne dit pas son nom :
Je citerai donc l’homme du Monde honnête autant qu’intelligent : « Il y a aussi un antisémitisme qui monte dans la communauté noire radicale, pour qui le Juif est d’abord un blanc. Le conflit israélo-palestinien et le fait que nombre d’intellectuels juifs se sont opposés au radicalisme identitaire (…) ont joué aussi. Cet antisémitisme est présent dans le puissant mouvement Black Lives Matter qui lutte contre le racisme dont les noirs sont victimes… le mouvement parle de « génocide » palestinien, organise des manifestations où on a pu entendre « tuez les juifs ! », est proche du leader de Nation of Islam, Louis Farrakhan, qui a fait l’éloge d’Hitler… ». Mais cet article lumineux n’a pas empêché que le mouvement vénéré soit toujours dans le Monde en odeur de sainteté.
Jadis, le fasciste d’extrême droite détestait le Juif, car il le considérait comme un métèque apatride. Aujourd’hui, le fasciste d’extrême gauche considère le Juif comme un nationaliste belliqueux. Pour asseoir sa thèse, Goldnadel multiplie les exemples, afin de montrer, n’en déplaise aux activistes de la pensée correcte, que « l’antiracisme sélectif est le racisme des sots hypocrites. » Mais il vise, outre le racisme anti-Français, le sexisme anti-mâle qui, dit-il encore à raison, « portent à gauche ». Que dire par exemple des propos insoutenables tenus par la chanteuse et actrice Camélia Jordana, dans l’émission « On n’est pas couché », du 23 mai 2020 ?
En janvier 2021, la dame Camélia a récidivé en déclarant à l’hebdomadaire l’Obs qui a reproduit ses propos sans précautions dans un tweet et à la rubrique Culture s’il vous plaît : « Si j’étais un homme, je demanderais pardon. Car les hommes blancs sont, dans l’inconscient collectif, responsable de tous les maux de la terre ».
Bref, on ne sait plus quoi dire ni quoi penser devant autant de haine, d’hostilité, de bêtise, d’instrumentalisation, d’endoctrinement de la jeunesse actuelle, prise en otage d’idées fausses et malsaines. « Si le mot « blanc » avait été remplacé par le mot « noir », écrit Gilles-William Goldnadel, et si par hypothèse impossible, c’eut été un hebdomadaire de droite qui avait publié sans réserve les imprécations de la chanteuse inspirée, le parquet aurait déjà été saisi par SOS Racisme, à moins, le connaissant, qu’il ne se soit saisi spontanément, à moins encore que le tweet n’ait été incontinent supprimé par la maison Twitter dans le cadre de sa nouvelle pratique. »
L’esprit chagrin de l’avocat et essayiste, pour utiliser ses propres termes, qui reprend les affaires non traitées véritablement par les médias penchant à gauche, ainsi que les associations féministes ou antiracistes, car la victime ne correspondait ni à leur modèle victimaire ni à leur idéologie, comme l’affaire Mila, ou encore pour ne citer que l’obsession des avocats « de l’islamisme de s’en prendre au catholicisme », toutes ces incohérences, ces obsessions de la gauche bien-pensante, des prétendus combattants et pourfendeurs du fascisme, contre la guerre de tous contre tous qui vient, Gilles-William Goldnadel tente, dans un dernier sursaut, de construire un manuel, un bréviaire qui a pour vœu pieu certainement, de nous préserver de la violence fasciste d’un tout nouvel ordre, historiquement nouveau, dramatiquement actuel, et qui donne raison à Churchill, lorsque le grand homme déclara, jadis : « Les fascistes d’aujourd’hui seront les antifascistes de demain. »
Marc Alpozzo
Gilles-William Goldnadel, Manuel de résistance au fascisme d’extrême gauche, Les Nouvelles éditions de Passy, décembre 2021, 112 pages, 10 euros