Laïcité : Le grand malentendu
Docteur en sciences politiques, auteur de L’inquiétante familiarité de la race (Le bord de l’eau, 2020) et de Le wokisme n’existe pas (Le bord de l’eau, 2024), Alain Policar est chercheur associé au Centres de recherches politiques de Sciences Po (CEVIPOF). Il a aussi été membre du Conseil des sages de la Laïcité et des valeurs de la République dont il a été mis en 2024 : cela explique en partie la virulence de sa thèse, comme on va le voir.
Un vieux débat

Autour de l’interprétation de la loi de 1905, face surtout à l’islam, deux camps s’affrontent depuis l’affaire du foulard de Creil de 1989 : les tenants d’une laïcité « intégriste » (ou désignés comme tel par leurs adversaires) et ceux défendant une laïcité ouverte. On a vu ainsi à une époque Elisabeth Badinter ou Alain Finkielkraut débattre avec Jean Baubérot. Le débat s’est ravivé avec la commission Stasi et surtout la loi de 2004 sur les signes religieux à l’école. Alain Policar se revendique défenseur d’une laïcité ouverte, stigmatisant la dérive identitaire de l’autre camp (le défunt Laurent Bouvet en prend pour son grade) et la récupération du thème par une extrême-droite en pleine ascension. Au passage, notons avec ironie que les ancêtres de cette extrême-droite avaient combattu férocement la loi de 1905. L’histoire est étrange…
Où vit Alain Policar ?
Mais voilà, on va être polémique mais après tout l’auteur l’est aussi. On se demande à la lecture de cet ouvrage où vit l’auteur. Loin de moi l’idée ou l’envie de stigmatiser et d’essentialiser l’ensemble des Français musulmans mais la plupart des problèmes rencontrés concerne cette religion, confrontée à une laïcité républicaine conçue à la base face au catholicisme (protestantisme et judaïsme n’ont guère posé de problèmes au fil du temps). Quid des problèmes rencontrés par les enseignants lors des cours d’éducation civique ? Quid des progrès de la propagande des frères musulmans en France face à une laïcité si détestée par ces gens ? le nom de Samuel Paty est cité une fois page 205 dans une note. Dommage, Alain Policar aurait gagné à en parler car la laïcité garantit la liberté d’expression et Samuel Paty est mort pour avoir donné un cours qui portait, en partie, sur ce sujet.
On salue le soin pris par l’auteur à défendre le droit à l’altérité et à la différence. Répondons-lui aussi que la laïcité doit protéger contre le communautarisme, d’où qu’il vienne. A bon entendeur…
Sylvain Bonnet
Alain Policar, Laïcité : le grand malentendu, Flammarion, octobre 2025, 240 pages, 21 euros
