Moi, serial killer : quand les tueurs témoignent
Le meilleur spécialiste des tueurs en série Stéphane Bourgoin trie son immense documentation pour extraire douze témoignages glaçants. Moi, serial killer donne la parole aux pires monstres de nos sociétés en publiant — quasi in extenso — leurs propres mots.
un recueil glaçant
Carl Panzram, Fritz Haarman, Otto Stephen Wilson, Henri Vidal, Dennis Nilsen, Joseph Jacquiart et Joseph Vienny, Eliott Rodger (seul mass murder de la liste), William Bonin, H. H. Holmes, Danny Rolling, Charles Manson et Joseph Vacher ont en commun d’avoir consigné par écrit leur propre histoire. Sous forme de carnet, de journal ou de fiction, ils passent à l’acte scriptural ! Ce besoin confessionnel est-il propre à ces tueurs si particuliers ? mais surtout, qu’est-ce qu’il révèle d’eux ?
Ecrits à la première personne, ces témoignages ont été recueillis par Stéphane Bourgoin lors de ses rencontres avec cette faune qui fait son obsession. Le mot de « terrifiant » qui souligne le titre de cet ouvrage n’est pas usurpé : si chaque tueur en série est unique, tous ont cette froideur et cette inhumanité qui rend leur témoignage précieux. Lire cela donne l’effet de plonger au coeur de leurs fantasmes, dans un monde coupé des réalités les plus communes. La victime n’existe plus comme personne souffrante, ce n’est qu’un accessoire à la satisfaction d’une pulsion. Et c’est d’autant plus horrible à lire quand c’est posé avec froideur, dans le calme et sans affect.
Sous le masque de la normalité…
Ces témoignages sont précieux, pour ceux qui étudient ces monstres, et pour ceux qui veulent comprendre les tréfonds nauséabonds de la psyché humaine. Mais il faut vraiment être prévenu : lire ces témoignages va déranger, créer un malaise. Et quand on sait que Stéphane Bourgoin a censuré certains fantasmes nécrophiles !
Moi, Serial killer est une plongée fascinante dans la matrice même du Mal.
Loïc Di Stefano
Stéphane Bourgoin, Moi, Serial killer, Points, avril 2019, 228 pages, 6,80 eur