Mort d’une balance, l’histoire vraie d’une vengeance

Un grand fait-diversier

Frédéric Ploquin est grand reporter à Marianne. Spécialiste des affaires criminelles et du banditisme, il est l’auteur de nombreux ouvrages, notamment Parrains et Caïds (3 tomes, Fayard) ou Les Derniers seigneurs de Paris. Quand la P.J. traque le clan Hornec (Fayard). C’est dans l’ambiance du banditisme entre l’Espagne, Perpignan et Paris que se déroule Mort d’une balance, l’histoire vraie d’une vengeance. Une petite affaire, mais pas que.

 

Une petite affaire

 

Mort d’une balance ne raconte pas l’affaire du siècle. C’est un petit dealer qui, sorti de prison, essaie de se refaire. Il emprunte cent mille euros qu’il investit en drogue pour en tirer un substantiel bénéfice. Mais le sort s’acharne contre lui : la drogue est de très mauvaise qualité et l’argent est intercepté lors d’un passage aux douanes. Retour à la case départ, avec une dette en plus. Après une courte cavale, il finit brûlé dans sa voiture. Fin de l’histoire. On ne rigole pas avec les dettes dans ces milieux là…

Ou plutôt, début de l’enquête. Les flics chargés du dossier trouvent rapidement une première piste, puis des ramifications dans les milieux de la drogue, où l’on croise quelques figures hautes en couleur mais plus dangereuses qu’elles ne le laissent croire. Mais rien n’est simple et chaque nouvelle piste ouvre sur une nouvelle question. L’enquête va durer, les preuves s’accumuler, les liens s’affirmer.

Les deux policiers sont peint dans la brutalité de leur humanité, avec leurs failles et leur obstination. Et le petit dealer aussi, si bien qu’on s’attache à lui, malgré tout…

 

Une enquête exemplaire

Mais le dossier est traité comme un fait emblématique, comme si Frédéric Ploquin utilisait cette histoire vraie pour nous instruire des us et coutumes du banditisme moderne. De nombreuses petites réflexions émaillent le texte pour nous préciser qu’à tel endroit de la côte espagnole les malfrats maghrébins ont l’habitude de se retrouver, ou comment l’argent de la drogue est réinvestit, ou comment se tissent les relations entre les policiers et leur tonton (informateur, balance, cousin…). C’est une manière romancée pour Ploquin de nous plonger, en grand reporter, dans les coulisses de ce milieu interdit aux caves.

Ce n’est pas tant, finalement le sort de cette balance qui est au centre du livre, mais Ploquin met cette balance au centre du livre pour qu’elle soit au centre du petit monde qu’il veut nous dépeindre. Et cette démarche est vraiment très efficace.

 

Si ce n’est pas un grand livre, Mort d’une balance saura retenir le lecteur pour une bonne enquête et éclairer sur les pratiques du nouveau banditisme. Sinon un grand roman, un très bon reportage, d’autant que l’histoire est inspirée de faits réels…

 

 

Loïc Di Stefano

 

Frédéric Ploquin, Mort d’une balance, l’histoire vraie d’une balance, Ring, 234 pages, 18 euros

 

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