Mystères d’écrivains, 50 histoires secrètes et insolites

Les écrivains sont comme tout le monde, ils ont leur petits secrets. Mais leurs lecteurs ont des manies, ils aiment savoir ! Elise Costa, après en avoir fait des articles dans le magazine Slate.fr, regroupe 50 histoire secrètes et insolites dans Mystères d’Ecrivains, une manière cocasse d’entrer dans le petit monde de la littérature.

Les mystères n’ont pas tous le même poids. Il y a d’abord ceux qui n’en sont plus un, ou qui le demeureront et donc la « lumière » qu’on leur fait n’en est finalement pas une. Prenez le roman pour adolescentes Les Cornichons au chocolat, écrit par Stéphanie, qui n’est autre que Philippe Labro; laffaire est entendu depuis longtemps. Prenez Anne Rice, dont ce n’est qu’un pseudonyme, et alors ? Prenez le manuscrit dit de Voynich, dont on ne sait rien sinon qu’on n’a pas encore, malgré tant de tentatives, réussi à le déchiffrer. Prenez Max Bord, l’ami qui a trahit le voeu de Kafka en ne brulant pas ses livres, grâce lui soit rendu, mais où est le mystère ici ? Prenez Victor Hugo qui voit de son vivant une avenue porter son nom, c’est prodigieux, mais où est le mystère ?

Toute cela c’est la « petite histoire », la marge anecdotique de la littérature et, s’il est peut-être amusant de savoir qu’il y a peut-être mystère dans ces choses là, très vite on constate une aporie. C’est le sous-titre qui rattrape ces histoires-là en les qualifiant simulent d’insolites. La disparition d’Agatha Christie ? les procès contre le Da Vinci Code ? Certes. Mais passons.

 

Du mystère à l’universalité

Mais beaucoup plus intéressants sont ces petits secrets qui racontent une histoire commune.

Prenez Maurice Sendak, l’auteur immensément respecté de Max et les Maximonstres, ce classique de la littérature jeunesse. Il a attendu la fin de sa vie pour faire connaître son homosexualité, ce qui pose une vraie question sociale car comment alors apprécier un écrivain pour la jeunesse qui serait un inverti ? Prenez James Patterson, l’écrivain-usine qui n’est en fait que le chef opérateur d’une horde de petits écrivains travaillant sous « licence », comme Paul-Loup Sulitzer, et tant d’autres, qui redéfinissent la notion d’écrivains, loin du tâcheron à plume d’oie. Prenez Michael Crichton qui, furieux d’avoir reçu un mauvais article, fit de son critique un personnage de son roman suivant, très reconnaissable et doté d’un caractère particulier…

 

La règle du micro-pénis est une tactique employée par les auteurs pour éviter les procès en diffamation. Révélée pour la première fois en 1998dans le New York Times par Maître Friedman, elle consiste à pourvoir le personnage d’un petit sexe car, explique l’avocat, “Aucun homme ne va arriver en disant : Dites donc, ce personnage avec un micro-pénis, c’est moi !’ ” »

Quelques cas drolatiques

Retenons quelques cas qui relève de la véritable enquête et qui peuvent surprendre les lecteurs, donc leur apporter quelque chose, au moins une sidération sinon une nouvelle lecture des œuvres. Car, après tout, n’est-ce pas ce qu’on demande dans le dévoilement d’un mystère, qu’il nous apporte un éclairage nouveau ?

Prenez le cas Gary-Ajar, pour les non avertis c’est un cas amusant car il s’agit du même homme ayant remporté sous deux noms différent le prix Goncourt, mais c’est un peu « tarte à la crème ». Prenez le cas de Roald Dahl, auteur à succès de littérature jeunesse (Charlie et la chocolaterie, Matilda, Le Bon gros géant, etc.), et imaginez-le en aviateur espion ! Prenez Anne Perry, auteur à grand succès de romans policiers, et imaginez d’abord en gamine tueuse de la mère de sa meilleure copine parce que celle-ci refusait qu’elle la suive dans son déménagement, puis imaginez-là de nouveau en mormone heureuse dans sa petite communauté.

 

Ce n’est pas révolutionnaire, il n’y a pas vraiment d’enquête sinon journalistique mais vraiment divertissant et parfois édifiant, aussi ne faut-il pas bouder son plaisir, d’autant qu’Elise Costa a un vrai talent pour raconter ses petites histoires (malgré un penchant à l’oralité).

 

 

Loïc Di Stefano

Elise Costa, Mystères d’écrivains, 50 histoires secrètes et insolites, Armand Colin, octobre 2018, 288 pages, 16,90 euros

 

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