Ceux qui brûlent, bel hommage aux séries B
Ceux qui brûlent est le premier roman graphique de Nicolas Dehghani. Un polar trouble tenu par le personnage central de la fliquette Alex et son faire-valoir idéal Pouilloux.
Ce boulet de Pouilloux
Elle commence à sérieusement me courir cette grognasse ! J’vais la claquer une bonne fois pour toutes et on n’en parle plus !
On vient de mettre dans les pattes de l’inspectrice Alex, qui essaye de prouver sa valeur de flic malgré son jeune âge, le pire boulet du commissariat : Pouilloux. C’est la risée de tous ses collègues et ça a le don de l’énerver au plus haut point. Comment va-t-elle pouvoir travailler avec ce tocard ! Est-ce une manière de la pousser à être meilleure ou une entrave ?
Elle vient en plus d’avoir un accident de scooter et elle parait un peu à côté de ses pompes. On la met malgré tout sur une nouvelle enquête, celle d’un cadavre retrouvé dans une poubelle. Dents arrachées, visage, mains et corps brûlés à l’acide, aucun moyen de connaître l’identité. Avec son acolyte ils sont renvoyés sur les lieux pour enquêter malgré que tout est déjà passé au crible par la scientifique. Que vont-ils pouvoir dénicher de plus ? Rapidement et sans en informer la hiérarchie ils remontent une piste qui va s’avérer périlleuse… personne ne sait ce qu’ils font ni où ils sont. Vont-ils en ressortir vivants et victorieux ?
Sacré bon polar graphique
Ceux qui brûlent semble se dérouler dans une grande ville américaine, peut être New York. Les dessins de Nicolas Dehghani oscillent entre des plans larges et des plans resserrés pour mieux nous installer au milieu de la scène et de la situation. On sent l’influence de sa formation en cinéma d’animation et son goût certain pour le cinéma de genre.
Nicolas Dehghani met en perspective deux personnages très contrastés. Une jeune inspectrice isolée et perturbée psychologiquement et, à ses côtés, un flic plus âgés qui n’a pas sa force mentale et qui parait être arrivé dans ce boulot par accident. Le cocktail est explosif dès le début mais ils vont finalement trouver leur équilibre et s’aventurer sur des terrains glissants.
Nicolas Dehghani a tenté d’épaissir le personnage d’Alex en lui créant des tortures psychologiques qui ne sont pas vraiment convaincantes, d’autant qu’on n’en connait pas tout à fait l’issue. Malgré tout, la compréhension de l’histoire est limpide avec des rebondissements et une lecture palpitante. Le dessin est splendide, il s’est trouvé un style identifiable et c’est à ça que le reconnait aussi le talent.
Xavier de la Verrie
Nicolas Dehghani, Ceux qui brûlent, Sarbacane, avril 2021, 192 pages, 24,50 eur