Mike Oldfield, le prodige des années 70

Un spécialiste du rock progressif

Journaliste pour la presse provinciale (Centre-Ouest, La Nouvelle République), Frédéric Delâge est aussi un passionné de rock progressif, ce qui l’a amené à collaborer pour des magazines comme Rockstyle ou Crossroads. On lui doit déjà une anthologie sur le rock progressif et une biographie de Kate Bush, parues tous deux chez Le mot et le reste en 2014 et 2017. Le voici qui consacre un essai, qui relève aussi de la biographie à Mike Oldfield, l’auteur du mythique Tubular Bells.  

Des débuts éblouissants

On découvre en tout cas l’enfance et les débuts du prodige anglais, marqué par la fragilité mentale de sa mère. Mike Oldfield bénéficie en tout cas de l’effervescence créatrice de ces années-là, travaille très jeune avec Kevin Ayers, ancien membre de Soft Machine. Oldfield s’inscrit ainsi dans ce qu’on va appeler le rock progressif, musique ambitieuse qui se détache de la simplicité des débuts du rock and roll pour se rapprocher du jazz ou de la musique classique. Un morceau typique de progressif dure ainsi entre 15 et 20 minutes.

Et Mike Oldfield frappe justement très fort dès son premier disque, Tubular Bells, s’inscrivant peu ou prou dans ce courant. Ce disque aura un succès immédiat et continu (en partie grâce à l’utilisation d’un de ses thèmes dans le film L’Exorciste), lançant le jeune label Virgin de Richard Branson (question royalties, Oldfield sera lésé). L’artiste s’est fait un nom. C’est un des premiers multiinstrumentistes de la musique rock à avoir un tel succès, ouvrant ainsi la voie, sans le savoir, à quelqu’un comme Prince.  

Un parcours contrasté

Ce livre montre bien que Mike Oldfield sera toujours prisonnier du succès de son premier disque. Son second, Hergest Ridge, pâtit déjà de la comparaison et une partie du public passera à côté d’Ommadawn, injustement tant l’œuvre s’avère passionnante à la réécoute. Dans les années 80, Oldfield s’éloignera du rock progressif et aura des tubes (Moonlight Shadow, To France) chantés par la grande Maggie Reilly. Cette période est jugée négativement par Frédéric Delâge et c’est dommage car l’originalité mélodique de certaines chansons est indéniable. Après avoir quitté Virgin, Oldfield donnera des suites à Tubular Bells, loin d’être aussi originales.

Retiré aux Bahamas, le musicien enregistre toujours et prépare apparemment un retour sur scène dès que la situation sanitaire le permettra. Son parcours en tout cas, bien raconté dans Mike Oldfield Tubular Bells et au-delà, reste fascinant.  

Sylvain Bonnet

Frédéric Delâge, Mike Oldfield Tubular Bells et au-delà, Le mot et le reste, avril 2021, 216 pages, 19 eur

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