Les maréchaux de Napoléon, eux aussi firent l’Empire

Un historien de la chose militaire

Spécialiste d’histoire militaire, Walter Bruyère-Ostells est professeur à Sciences Po Aix. On lui doit notamment La Grande armée de la liberté (Tallandier, 2004), Leipzig, la revanche de l’Europe des souverains sur Napoléon (Tallandier, 2013). Chez Perrin, il publie cette année Les Maréchaux d’Empire, les paladins de Napoléon qui, on va le voir, fera date.  

Des origines sociales variées

D’où viennent au juste ces maréchaux dont on retrouve les noms accolés aux grands boulevards de Paris ? Certains sont issus des rangs de la noblesse comme Davout, Marmont ou Berthier, d’autres de la bourgeoisie comme Augereau ou Bernadotte (qui est devenu roi de Suède). On trouve encore des soldats de métier comme Kellermann qui a connu les combats de la guerre de sept ans.

Tous sont des purs produits de la Révolution qui a permis leur ascension rapide et leur rencontre avec Napoléon. Mais ils ne seront pas utilisés de la même façon. Napoléon se méfie par exemple de Jourdan, Brune et encore plus de Bernadotte, soupçonnés de républicanisme pur et dur.  

Être maréchal d’empire n’est pas une sinécure

Un futur maréchal de Napoléon est un entraîneur d’hommes qui n’a pas peur de s’exposer au feu, s’attirant ainsi l’admiration de la troupe. Oudinot sera par exemple blessé une trentaine de fois et Lannes, Bessières et Poniatowski mourront au combat. Par contre, seuls Davout, Masséna et Soult sont de bons tacticiens et stratèges, salués par Napoléon (qui, dans le cas du premier, en prend parfois ombrage). Ce sont parfois des chefs charismatiques comme le flamboyant Murat dont les charges font la différence dans certaines batailles, ou même Ney qui cherche en vain la mort à Waterloo. Tous font montre de leur courage, voire de leur témérité, à la recherche de la gloire qui leur vaudrait la reconnaissance de Napoléon.  

Des fondateurs

Comblés d’honneurs et de gratifications par l’Empereur (et aussi par leurs pillages pour certains), les maréchaux se marient avec des filles de l’aristocratie ou de la haute bourgeoisie (Sauf Lefebvre) et fondent des lignées. Le cas de Murat est à part car son mariage le fait entrer dans la famille Bonaparte, sans pour autant en faire un des maréchaux préférés. Ils n’hésiteront pas à lâcher Napoléon en 1814 et une partie ne le ralliera que du bout des lèvres en 1815. Ils poursuivront leur carrière ensuite, Soult devenant même président du conseil sous Louis-Philippe : pas mal pour un fils de notaire. Signalons enfin que leurs enfants feront ensuite de belles carrières durant le XIXe siècle dans la haute société, ce qui ne manque pas de sel vus leurs ancêtres révolutionnaires.

Les Maréchaux de Napoléon est une solide étude sur des hommes finalement célèbres mais méconnus.

Sylvain Bonnet

Walter Bruyère-Ostells, Les Maréchaux d’Empire, les paladins de Napoléon, Perrin, avril 2021, 384 pages, 23 eur

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