Alexandre Farnèse, prince et capitaine
Auteur de Mazarin l’italien (Tallandier, 2018) et de Mazarin, l’art de gouverner (Perrin, 2021) – on devine chez notre historien un certain intérêt pour le mentor de Louis XIV -, Olivier Poncet est actuellement professeur à l’école nationale des chartes et directeur d’études à l’EHESS. Il vient de publier chez Perrin une biographie inattendue, celle d’Alexandre Farnèse, gouverneur des Pays-Bas sous Philippe II d’Espagne.
Un prince italien au service des Habsbourg

La courte vie d’Alexandre Farnèse (1545-1592) ne doit pas faire illusion : l’homme joua un rôle, loin d’ailleurs de son lieu de naissance, Parme, où régnait sa famille. Arrière-petit-fils du pape Paul II, il a aussi comme grand-père Charles Quint (par la main gauche) et est donc un parent proche de la maison d’Autriche. Son éducation est donc surveillée de près, entre Italie et Espagne. Il est marié jeune à la fille d’un infant du Portugal, qu’il aime peu et à qui il fait des enfants. Puis il participe à la bataille de Lépante sous le commandant de Don Juan d’Autriche, fils naturel de Charles Quint (décidément): Alexandre Farnèse respecte et admire son cousin. Il le suit aux Pays-Bas, alors en pleine révolte, et lui succède lorsque Don Juan meurt du typhus.
Un politique en action
La révolte des Pays-Bas a plusieurs causes. Alexandre Farnèse tente d’obtenir la soumission des villes, particulièrement en Wallonie, par la diplomatie. Partisan de la modération, Farnèse n’arrive pas cependant à convaincre Philippe II d’octroyer la tolérance religieuse aux calvinistes, de plus en plus repliés sur le nord des Pays-Bas. S’il excelle dans la guerre de siège, Farnèse ne reconquiert pas la Hollande, qui proclame bientôt son indépendance. Il réussit par contre à neutraliser les prétentions françaises, malgré l’occupation de Cambrai, que cela soit celles d’Henri III ou de François d’Anjou. Farnèse, conscient des limites financières de son mandat, n’est pas très motivé par la Grande Armada et le projet de débarquement en Angleterre… Il meurt relativement jeune, épuisé par la maladie. En creux, il a laissé une certaine empreinte dans l’histoire de la Belgique actuelle.
Sylvain Bonnet
Olivier Poncet, Alexandre Farnèse, Perrin, septembre 2025, 376 pages, 24 euros
