Gaëlle Josse, À quoi songent-ils ceux que le sommeil fuit ? 

L’insomnie ! Est-ce la seule pathologie qui permette de jouir des bienfaits de la nuit ? Gaëlle Josse, dans le recueil de très courts récits À quoi songent-ils ceux que le sommeil fuit ?, démultiplie les voix de ceux à qui la nuit s’offre.

Tant de nuits

La nuit est un vaste univers que chacun de ceux que le sommeil fuit traverse à sa manière. Enfantine ou adulte, d’ici ou d’ailleurs, citadine ou rurale, d’amour ou de souffrance, de départ ou d’attente, de soi ou des autres, cette nuit ou le souvenir d’autres nuits, toutes ces voix semblent apporter chacune sa propre lumière pour construire le portrait le plus complet possible de la nuit. C’est un kaléidoscope de vies qui se continuent pendant que la plupart des gens dorment.

Les récits qui composent À quoi songent-ils ceux que le sommeil fuit ? sont entrecoupés de courtes phrases, comme des points éclairant la nuit, qui donnent à la nuit toutes ses formes possibles. Ces phrases sont un concentré de poésie jusqu’au sublime aveu : « la nuit je voudrais dormir près de toi, » ; jusqu’aux infinis puissances d’une phrase haïku « la nuit terrier, la nuit caverne, la nuit refuge et les étoiles lointaines, » ; jusqu’à l’infini possibilité des sens : « la nuit manteau, la nuit forêt, la nuit murmures des arbres et cris des bête, ».

Ces expériences, aussi différentes soient-elles (de la mélancolie à la fête, de la solitude au nombre, de la contrainte au choix) portent toutes la même vérité. La nuit est un moment particulier.

l’intime nuit

la nuit amère, la nuit comme un gouffre, la nuit consolation

Qu’elle soit bleu clair comme celle de la couverture, noir profondément impénétrable ou ponctuée jusqu’à la nier même de lumières, la nuit est un univers propice à l’expression de la poésie. Et les phrases de Gaëlle Josse s’y déploient avec beaucoup

Dans cet ensemble disparate de voix unis par la nuit, celle de Gaëlle Josse se détache. Délicate, toujours attentive aux petits détails universels, elle fait prendre conscience que les moments vespéraux et nocturnes sont peut-être les seuls, du moins les plus puissants, pour un moment en tête-à-tête avec soi-même. Si Michel Jonazs l’a merveilleusement chantée, Gaëlle Josse à son tour donne à la nuit une forme pleine et intime dans la multitude des voix portées par ce touchant recueil, À quoi songent-ils ceux que le sommeil fuit ?

Loïc Di Stefano

Gaëlle Josse, À quoi songent-ils ceux que le sommeil fuit ?, J’ai lu, octobre 2025, 128 pages, 7,20 euros

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