Walter Tevis, La couleur de l’argent

Avant d’être le film culte avec Paul Newman et Tom Cruise, La Couleur de l’argent est un roman, de Walter Tevis — l’auteur entre autres de Le Jeu de la Dame et de L’Arnaqueur, dont il est la suite… —, que Gallmeister publie dans une nouvelle traduction, poursuivant son beau travail de redécouverte de la culture américaine.

La confrontation

Ancienne gloire du billard, Eddie Felson dit « Eddie-ViteFait » se remet en question quand même de simples matchs d’exhibition ne sont plus à sa portée. Il perd. Il n’a plus son jeu, sa légendaire rapidité (d’où son surnom), la lecture du tapis vert, sa dextérité. Le billard est un sport qui nécessite une adresse technique manifeste, mais également une force créative et une concentration sans faille. Tout ce que l’ancienne gloire a perdu en vingt ans…

C’est la rencontre d’un jeune arrogant, mais bougrement doué, qui va le remettre en selle, au terme d’une longue réflexion sur le jeu et sur lui-même. Poussé à redevenir lui-même, à affronter cette vision du jeu qu’il ne connaît plus, c’est pour ainsi dire dans le dévoilement de sa vérité que le personnage — et le jeu même — est sauvé, comme dans une assomption.

L’art de mettre le billard en scène

Le duel s’impose alors comme une forme complète de l’art qu’ils ont en partage, une confrontation enrichissante et particulièrement immersive dans les les descriptions et l’ambiance même. A ce jeu là, Walter Tevis est un maître ! Le billard est pour ainsi dire le personnage principal du roman, comme il l’était de L’Arnaqueur. Il symbolise les complications et les enjeux des relations humaines, l’abnégation et la force nécessaire pour tout oublier et devenir meilleur, que l’adversaire, que le jeu-même, que soi.

Même si quelques intrigues secondaires viennent « encombrer » le lecteur dans cette immersion magnifique dans le monde du billard, La Couleur de l’argent de Walter Tevis est un roman totalement captivant, qu’on pratique ou non le billard.

Loïc Di Stefano

Walter Tevis, La Couleur de l’argent, traduit de l’anglais (USA) par Marc Boulet, Gallmeister « Totem », septembre 2024, 384 pages, 10,90 euros

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