Jacques-Louis David, l’empereur des peintres

Rédacteur en chef de la Revue du Souvenir Napoléonien, David Chanteranne a publié de nombreux ouvrages autour de la période napoléonienne, dont Le Sacre de Napoléon (Tallandier, 2004), Napoléon aux cent visages (Editions du Cerf, 2019) et Les douze morts de Napoléon (Passés composés, 2021). Il a choisi ici de s’intéresser au plus illustre des peintres de Napoléon, Jacques-Louis David, parangon du classicisme comme disait mon professeur d’histoire de l’art, un tantinet méprisant, en 1995…

De l’académie à la Révolution

Il faut dire que David a bénéficié d’une formation on ne peut plus classique dans l’atelier de Vien. Il a aussi bénéficié des conseils de Boucher, cousin éloigné et maître du style rocaille. David a du talent, un coup d’œil et bénéficie d’aides et de coups de pouces ; il gagne le concours de l’Académie de peinture et suit Vien à Rome : à l’époque, un peintre doit se former à l’ombre des œuvres antiques, sommet du Beau. David dessine, peint. De retour en France, il se fait progressivement un nom, d’abord avec un tableau représentant Bélisaire en mendiant puis avec Le serment des Horaces. David s’impose par son sens de l’anatomie et son travail sur la lumière. Il embrasse aussi rapidement les idéaux de la Révolution. Jacobin, proche de Robespierre, il peint Le serment du jeu de Paume et un Marat assassiné retentissant. A la Convention, il se fait menaçant, partisan de la Terreur. Mais la chute de Robespierre change tout.

David et Napoléon

Après Thermidor, il se fait discret. Il a son atelier, ses disciples. Sa rencontre avec Napoléon détermine son destin. Même si Vivant Denon s’impose vite comme le grand maître des arts auprès de Bonaparte premier consul, David gagne sa confiance par ses tableaux : Bonaparte au col du Saint Bernard, le tableau majestueux du Sacre (de Joséphine, il faut le dire) dont la composition est inspirée d’une toile de Rubens, etc. Ces tableaux sont connus, loués, parfois vilipendés. David reste en tout cas fidèle à Napoléon en 1814 et en 1815, prenant la route de l’exil qui le mène à Bruxelles. Là-bas, il continue de peindre, reçoit des visites et termine sa carrière avec un tableau incroyable, Mars désarmé par Vénus et les Grâces. Retour à l’antique, bien amorcé avec son Léonidas aux Thermopyles, ou annonce étrange du surréalisme ? Le bleu (comment est-il arrivé à cette teinte ?) de ce tableau émeut et cette grâce énigmatique qui nous regarde nous trouble.

David fut politique et peintre, une trajectoire donc exceptionnelle : ce livre restitue bien sa vie.

Sylvain Bonnet

David Chanteranne, Jacques-Louis David, Passés composés, septembre 2025, 326 pages, 24 euros

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