Ange, du plomb dans la tête par Philippe Hauret

Noir c’est noir

Philippe Hauret, je connais bien. Je les ai tous lus. Et chez son éditeur, Jigal, c’est toujours du bonheur en pages. Donc sans crainte j’ai ouvert Ange, mais je ne m’attendais pas du tout à ce résultat. Surprenant et encore meilleur que les précédents. 

Ange est une sorte de poupée Barbie moderne qui profite de sa parfaite plastique (oui c’est fantastique) pour dépouiller de riches pigeons, sans trop donner de sa personne. On est déjà loin du conte de fée. Et ce n’est pas fini !

Ange n’est pas seule. Elle se traîne comme un boulet au pied son ami d’enfance Elton (je ne relèverai même pas le bref dialogue court mais tordant lors de son emploi au Lidl du coin, enfin si, je le relève et j’en ris encore, il a osé…).

Elle rencontre Thierry Tomasson (oui oui…), pointure du petit écran uniquement fidèle à sa mauvaise réputation qu’il n’a pas volée, qui lui fait miroiter un bel avenir audiovisuel rempli de billets. Les choses chez Philippe Hauret ne se passant jamais comme dans le manuel, Ange va déchanter et cette déception la poussera vers la vengeance. Mais il était bien entendu que Tomasson ne compte pas céder la place aussi facilement, et lui réserve plus d’une surprise.

Allumer le feu

Avec des chapitres courts, titrés de chansons (parfois malheureusement) indémodables, Philippe Hauret nous entraîne dans sa spirale infernale, au sein de laquelle on sait déjà que le sang va couler. 

Les personnages ne sont pas de grands orateurs, les dialogues sont épurés au maximum, fendant l’ensemble percutant comme un combat de boxe. On en prend plein la caboche, d’expressions fantasques et désopilantes, et de rebondissements imprévisibles. 

Le ton caustique et sans appel est dramatiquement savoureux, on se régale à chaque page. J’ai dévoré l’ouvrage en une après-midi, et refermé le livre avec la sensation d’avoir voyagé dans un transal C160 recroquevillée au fond d’une caisse en bois. ça pique.

Highway to hell

Encore une fois, Philippe Hauret nous embarque avec lui alors qu’il n’y a pas de pilote dans l’avion. On sait que l’on va être projeté dans tous les sens à cause des turbulences mais on monte quand même !

J’ai particulièrement apprécié Ange, et je le recommande chaudement pour pimenter votre confinement, et même pour après!

Philippe Hauret a un style inimitable. Son humour incisif et vinaigré dont je raffole, qui ne détourne pas un instant une intrigue très bien ficelée et qui tient la route jusqu’au bout.

Minarii Le Fichant

Philippe Hauret, Ange, Jigal polar, septembre 2020, 207 pages, 18 eur

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