Élie Decazes, Rastignac favori de Louis XVIII

Un amateur de la Restauration

Ancien journaliste, François de Coustin est l’auteur d’une biographie du duc d’Angoulême, dit Louis XIX assez remarquée parue chez Perrin en 2017. Apparemment fasciné par l’époque et les personnages de de la Restauration, il publie ici une biographie d’Élie Decazes, le grand favori de Louis XVIII et aussi un de ses principaux ministres. François de Coustin nous offre ici une occasion de revenir sur un personnage largement méconnu mais dont le parcours et la vie ont étonné les contemporains.  

Un jeune ambitieux

Élie Decazes est issu d’une famille de roturiers de la ville de Libourne. Durant la période de l’Empire, il se fait remarquer par Hortense de Beauharnais et son mari Louis Bonaparte, dont il s’occupera un temps des affaires. Il entre ensuite au service de la mère de Napoléon. Bel homme, plein de charme, Decazes présente bien et est très ambitieux. La première Restauration lui donne l’occasion, comme le raconte de Coustin, de changer d’orientation et de se rallier aux Bourbons. Contrairement à beaucoup, il maintient ce choix durant les cent jours. Nommé préfet de police par Fouché, Decazes sait se rendre indispensable sans que Talleyrand ne fasse attention à lui : grave erreur car l’ambitieux profite de ses fonctions pour avoir un accès direct au Roi et le séduire. A la chute du ministère Talleyrand-Fouché, le voici en piste pour une riche carrière.

La faveur du Roi

Louis XVIII est un homme seul. Très intelligent mais disgracieux, doté d’une famille qui lui est peu favorable, il a toujours eu des favoris. En Decazes, il trouve de l’affection, de l’intelligence, du charme aussi. Il l’appelle son fils et s’appuie sur lui pour proposer une politique risquée : « royaliser la nation et nationaliser la royauté ». Louis XVIII a (enfin ?) compris qu’on ne peut revenir sur les acquis de la Révolution. Il s’appuie donc, dans le contexte d’une France affaiblie, occupée en partie, sur un Decazes plutôt libéral, même si ses relations avec ce courant seront compliquées. Après avoir été le ministre du duc de Richelieu, Decazes prend son envol. Il gouverne au centre, croit stabiliser la situation… Quand le duc de Berry, le seul Bourbon capable d’engendrer, est assassiné. Decazes ne résistera pas à la curée des ultra-royalistes.  

Le notable

La vie de Decazes ne s’arrête pourtant pas en 1820. Après une ambassade à Londres, il revient à Paris sans retrouver de fonctions ministérielles, c’est le temps des gouvernements ultras. Il perd son ancien protecteur en 1824 mais reste un homme d’influence, avec des amis comme Guizot ou Pasquier. En 1830, il joue un rôle majeur pour rallier la chambre des pairs à Louis-Philippe. Il se lance surtout dans l’industrie du fer et les mines, on donne même on nom à une ville (Decazeville).

L’homme traverse les tempêtes du siècle et meurt en 1860 sous le Second Empire : assurément une vie balzacienne et cette bonne biographie fournit une bonne occasion de la redécouvrir.    

Sylvain Bonnet

François de Coustin, Élie Decazes, Perrin, octobre 2020, 480 pages, 25 eur

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