Effractions, trois récits de Pierre Péju

Une œuvre déjà conséquente

Sous le titre Effractions, Pierre Péju publie trois grandes nouvelles, dont les titres résonnent entre eux autant qu’ils riment : Effraction, Usurpation, Péremption. Romancier, nouvellistes, essayiste, Pierre Péju est l’auteur de plusieurs dizaines d’ouvrages souvent primés et traduits. Ici, il fait cohabiter trois récits, puisés aux sources d’une imagination féconde. Dans chacun d’eux, un homme seul — un bandit, un écrivain, un mercenaire — est confronté malgré lui à un destin totalement inattendu, dans une histoire absolument hors du temps. 

Trois nouvelles singulières

C’est d’abord Thomas, le voyou, qui rate un braquage, fuit la police et échoue chez une vieille artiste, dont il découvre les sculptures. C’est ensuite Neumann parti faire une conférence en Tunisie sur ses bouquins, qui devient archéologue sous une autre identité, puis victime d’une hallucinante machination, que Kafka seul pouvait imaginer. C’est enfin ce brave Victor, retraité embauché comme tueur à gages, sans savoir que la femme dont il est séparé fait le même métier. 

Un talent confirmé

Pierre Péju a un sens du récit très affuté pour mener à bonnes fins ces histoires rocambolesques, mais ce n’est pas le seul intérêt du livre. A bien lire ces trois textes originaux, on sent percer entre les lignes une réflexion sur la notion même de destin. L’homme est-il ce petit vermisseau ballotté sur un océan de contrariétés ?  Ou bien a-t-il entre ses mains de quoi affronter les intempéries, et en sortir vainqueur ? 

Réponse au terme de ces Effractions, dont le titre dit assez qu’il faut bien forcer la porte avec violence pour voir de l’autre côté. Et pour apprécier ces trois nouvelles, à lire comme un bon roman policier. 

Didier Ters

Pierre Péju, Effractions, Gallimard, mai 2022, 290 pages, 21 euros

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