Les Trompettes de la Mort de Simon Bournel-Bosson
Un récit fantastique sur tonalité de tragédie
Malgré les couleurs vives et joyeuses de la couverture, l’inquiétude est manifeste. Avec Les Trompettes de la Mort Simon Bournel-Bosson passe de la microédition chez Kiblind à L’Agrume, un éditeur en vogue. Une transition nécessaire pour faire découvrir son jeune talent et surtout élargir son public. Également illustrateur et directeur artistique il a clairement le sens de la composition qu’il révèle ici.

Il n’y a pas que les champignons qui peuvent être mauvais !
Hier j’étais un enfant. Aujourd’hui je ne sais plus vraiment…
Antoine jeune ado débarque chez ses grands-parents pour un séjour non voulu. Son père vient le déposer en catastrophe pour retrouver sa mère. Il se retrouve dans cette grande maison isolée à la campagne avec des têtes d’animaux empaillés pour décor. Sa grand-mère est aux petits soins pour lui mais son grand père est hostile. Gilbert est froid, même glacial, distant, ne parle pas et veut s’occuper sans compagnie et surement pas de celle d’un rejeton !
Il va devoir trouver sa place et occuper ses journées. Il se divertit comme il peut, joue avec son petit robot, dans la nature ou avec le chien de son grand père. Jusqu’au jour où il suit son grand père parti chercher des champignons, plus précisément des trompettes de la mort, comme une prémonition. Au fin fond de la forêt il se retrouve seul, isolé et va se trouver nez à nez devant un très beau champignon. En le touchant il tombe comme dans un rêve, dans le corps d’un autre. La fuite ne fait que commencer.

Lumineuses couleurs pour l’apprentissage de la vie
Oui c’est un récit troublant que nous propose l’auteur (scénariste et dessinateur) sur l’initiation à la vie, à la liberté. Il approche également le rapport et les relations entre générations, leur difficulté de communication.
Dans ce roman graphique plusieurs émotions s’opposent, la joie grâce aux multiples tonalités colorées. Chaque partie ou étape de l’histoire est en majorité bichromique, ce qui donne une première impression surnaturelle, on s’y habitue et apporte de l’intensité à l’histoire. Cet effet à déjà été utilisé quelque fois mais rarement avec une déclinaison de couleurs aussi variées. Enfin le sentiment de tristesse, d’observer ce jeune garçon qui tente de s’adapter et qui sera livré à lui-même dans le récit au cours non pas d’une chasse à l’homme mais à une partie de chasse.
Pour cette première bande dessinée, les précédentes étaient beaucoup plus modestes, l’auteur nous montre un tour de force sur un volume aussi important (240 pages). Sous couvert d’une histoire dramatique, apporte beaucoup de sensibilité et d’humanité. La nature est aussi au cœur de son récit comme un appel évident à sa préservation. Le parti risqué du traitement coloré repoussera peut-être certains lecteurs mais bravo pour ceux qui iront au bout des Trompettes de la Mort.
Xavier de la Verrie
Simon Bournel-Bosson, Les Trompettes de la Mort, L’Agrume, octobre 2022, 240 pages, 29 euros