Le souffleur de cendres- Alchimie et médecine selon Viviane Moore

Touche à tout, globe trotteuse, Viviane Moore fait partie des auteurs « classiques » de romans historiques. Passionnée d’histoire médiévale, elle s’est notamment fait connaître avec les aventures de Galeran de Lesneven (Editions du Masque) mais aussi la série Tancrède le Normand. Viviane Moore est aussi capable de nous plonger dans le Japon contemporain ou les guerres de religion en France. Après, La femme sans tête et L’homme au masque de verre, Le souffleur de cendres est le troisième tome de la série Alchemia.

 

Enquêtes en eaux troubles

Paris 1597. L’hiver est rigoureux et a figé les eaux de la Seine. Etienne Lambert, marchand parisien, a rendez-vous avec la mystérieuse Ligue des Marchands et « Le Maître » : on ne le reverra plus. Peu de temps après, Perrin, commissaire enquêteur du Châtelet disparaît. Au Louvre, le premier valet du roi trouve sur la table de chevet d’Henri III une figurine de cire percée d’aiguilles et une bougie d’envoûtement. Le jeune commissaire Jean Du Moncel mène l’enquête : tout est lié et semble mener encore une fois à l’alchimie. Un domaine qu’il connaît bien depuis sa rencontre avec Théophraste le Noir et sa fille Sibylle. Cette dernière n’est autre que son amante et la mère de son fils. Indomptable et indépendante, cette dernière disparaît sans laisser de trace dans le dédale de la Cour des Miracles.

 

Alchimie et féminisme

Dans la série Alchemia, l’alchimie a bien entendu une place importante. Transformer des métaux en or, certes, mais aussi et surtout l’alchimie médicale. Si le premier aspect est classique, le second surprend. Sibylle, belle et mystérieuse, est au croisement des deux : fille de Théophraste le Noir, médecin et alchimiste, Sybille se travestit en homme pour pouvoir assouvir sa passion, la médecine. Médecin, mère, amante, Sybille se retrouve ici prise au piège. Elle est pour moi la véritable héroïne de cette série. Jean Du Moncel fait figure d’homme moderne car il accepte la dualité de celle qu’il aime.

L’enquête en elle même met du temps à se mettre en place. Les liens entre les différentes enquêtes se font sur le tard ce qui est dommage car le final ne manque pas de piquant. Les responsables, quasi insoupçonnables, sont démasqués, jugés et exécutés comme l’exigent leurs crimes. L’intérêt que je porte à ce roman est pour le coup tout à fait personnel : issu de la petite noblesse provinciale, il est originaire tout comme d’autres personnages, du Cotentin. Déjà mise en avant dans Ainsi puis- je mourir qui retraçait le destin tragique de Julien et Marguerite de Ravalet, ma région natale est ici mise à l’honneur. Les Du Moncel ou Dumoncel est de fait un patronyme local.

 

Cet opus se termine à Cherbourg, en face de l’île Pelée. Au galop dans les landes, cheveux au vent, Jean Du Moncel et Sybille attendent leur prochaine aventure.

 

Clio Baudonivie

 

Viviane Moore, Le Souffleur de cendres, 10/18, octobre 2017, 384 pages, 8.10 euros

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