« Redneck » : vampires texans à la sauce barbecue

Redneck tome 1 couvertureRedneck propose un traitement original et surprenant du vampire, personnage largement galvaudé. Une série qui rebondit sur les clichés du genre pour mieux les dynamiser. Surprenant.

 

 

Les Bowman sont un clan de vampires de plusieurs générations. Après des années de traques et la mort de l’un d’eux, ils ont fini par trouver refuge dans la campagne texane. Leur bon plan est simple : ils élèvent des vaches, boivent leur sang recueilli lors de l’abattage, puis ils utilisent leurs serviteurs humains pour écouler la viande dans une grilladerie. Malheureusement, tous les vampires du clan n’entendent pas éternellement se nourrir de sang de vache …

 

 

Une grilladerie tenue par des vampires

Difficile de proposer quelque chose de totalement nouveau lorsqu’on met en scène des vampires. Le genre a été maintes et maintes fois utilisé. Et pourtant Donny Cates, le scénariste, a trouvé un bon angle d’attaque. Plonger des vampires dans le Texas profond, c’est une très bonne idée (sans compter que Donny Cates y habite). Il y a quelque chose d’assez réjouissant de les voir affronter la population locale qui ne jure que par la bière et les bars à strip-tease. On est bien de l’ambiance gothique à la Bram Stocker (et ce n’est pas un mal, pour le coup – ou cou ? – ).

 

Redneck tome 1

 

Une famille de vampires dysfonctionnelle

L’autre très bonne idée de Redneck, c’est de réussir à composer une famille dysfonctionnelle. Les Bowman ne se sont pas regroupés par plaisir ou par amour. Il y a d’abord un drame, qui remonte à de nombreuses années, et qui n’a pas fini d’avoir des conséquences. Donny Cates remonte le temps pour nous raconter la saga familiale, et petit à petit on quitte l’époque contemporaine pour se plonger dans le 18e siècle. Redneck prend alors une ampleur tout à fait inattendue à la lecture des premières pages. Les amours et les haines qui plombent ce clan remontent à bien longtemps. Et on comprend alors mieux certains comportements. Donny Cates parvient à tisser une histoire haletante et bien plus épique que le pitch de départ ne le laisser supposer. Une saga relevée par le trait poisseux du dessinateur Lisandro Estherren, quelque part entre Steve Lieber et Ben Templesmith. Une réussite.

 

 

Stéphane Le Troëdec

 

 

Donny Cates (scénario), Lisandro Estherren (dessin), Redneck, tome 1, traduit de l’anglais par KgBen, Delcourt, collection Contrebande, avril 2018, 144 pages, 15,95 euros

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