As-tu mérité tes yeux? Vertige
La collection Une heure lumière du Bélial, notre grande pourvoyeuse de novellas, accueille ici un auteur totalement inconnu chez, Eric LaRocca, avec As-tu mérité tes yeux ?, un récit très dérangeant comme on va le voir.
Spirale de la destruction
« Compte tenu de l’avalanche de conjectures et de commentaires haineux – particulièrement dans le domaine des discussions en ligne – qu’a engendré le décès prématuré d’Agnes Petrella, à l’âge de vingt-quatre ans, l’auteur de ce texte a compilé avec intelligence et sensibilité le contenu qui va suivre, dans l’espoir d’éclairer le public en publiant le détail de sa correspondance avec Zoe Cross lors des mois précédant sa mort. »

Sur un forum de petites annonces de la communauté LGBT+, Agnes Petrella met en vente un vieil épluche-pommes, un souvenir de famille. Agnes n’a pas le choix, elle a un loyer à payer et la vie est chère. Une certaine Zoe Cross se manifeste. Elles échangent. La détresse d’Agnes semble émouvoir Zoe qui lui donne mille dollars. Agnes est émue. Un lien se tisse entre les deux femmes. Elles discutent, échangent. Agnes accepte de devenir la servante de Zoe, d’appliquer chacune de ses instructions, pour montrer qu’elle a mérité ses yeux. Et commence alors un engrenage qui tournera mal, très mal…
Un texte très dérangeant
As-tu mérité tes yeux ? décrit comment ces deux jeunes femmes entrent dans un engrenage pervers. Zoe apparaît comme une manipulatrice, sorte de perverse narcissique mais Agnes, elle, finit au final par la dépasser par sa folie (non je ne spoilerai pas). Ce n’est pas le texte le plus percutant de la collection une heure lumière mais c’est assurément celui qui dérange le plus. On en ressort avec un malaise profond. On a envie de saluer le tour de force d’Eric LaRocca (signalons que la narration est basée sur des échanges de mails et de messages très courts), pas forcément de le relire.
Pour amateurs de sensations fortes.
Sylvain Bonnet
Eric LaRocca, As-tu mérité tes yeux ?, traduit de l’anglais par Mélanie Fazi, Le Bélial « une Heure-Lumière », illustration de couverture d’Aurélien Police, janvier 2025, 176 pages, 12,90 euros