Les dents de lait d’Helene Bukowski, vivre et survivre
Les débuts d’une jeune écrivaine
Jeune auteure allemande, Helene Bukowski signe avec Les Dents de lait son premier roman, publié chez le fameux éditeur Gallmeister, réputé pour ses choix éditoriaux audacieux. Reste à voir si ce premier roman est à la hauteur de ses promesses.
Sauver une enfant
Nous ne pouvons pas faire marche arrière. D’aucuns disent qu’il y a eu un incendie. La sécheresse des forêts. Une unique étincelle. Un coup de vent malheureux. J’imagine une plaine noire. La cendre qui tombe sur la neige. L’horizon dégagé.
Quelque part en Allemagne dans un futur proche (et qui se rapproche ?) marqué par le réchauffement climatique, la jeune Skalde vit avec sa mère Edith dans une maison isolée, loin d’une civilisation qui s’est probablement écroulée. Les gens du cru ont fait sauter le dernier pont les reliant au reste du monde, pour se protéger. Skalde n’a pas connu son père qui avait recueilli Edith, réfugiée de l’extérieur. Elle a grandi dans une atmosphère conflictuelle, mal intégrée de surcroit dans la communauté. Les choses basculent lorsque Skalde découvre Meisis, une jeune enfant aux cheveux roux. La communauté rejette cette enfant différente, venue d’ailleurs et lui impute la disparition de jeunes filles. Skalde obtient un délai, dans le but de démontrer que Meisis est normale et non un changelin : il s’agit d’attendre qu’elle perde ses dents de lait, ce qui serait la preuve de son humanité. Mais il n’est pas sûr que certains attendent… et le temps, lui, change…
Un premier essai réussi
Le roman bénéficie d’une construction dramatique resserrée autour d’un huis clos au fond familial : Skalde, Edith, Meisis, face à une communauté hostile. On est rapidement pris par une intrigue ancrée dans un imaginaire post-apocalyptique (citons toujours La Route de Cormac McCarthy pour illustrer le genre). Au final, Les dents de lait constituent un roman angoissant et plutôt réussi. Reste à voir ce qu’Helen Bukowski fera ensuite (on est optimiste).
Sylvain Bonnet
Helene Bukowski, Les Dents de lait, traduit de l’allemand par Sarah Raquillet & Élisa Crabeil, Gallmeister, août 2021, 272 pages, 22,40 eur