Wonderland, du sang et du sexe m’sieurs-dames !

Nouveau talent ?

Jennifer Hillier est une jeune auteure canadienne qui s’est fait remarquer outre-Atlantique par une trilogie de romans très sombres (Creep, Freak, The Butcher). La presse voit en elle une héritière de Jim Thompson, rien que cela. Paru initialement chez Hugo en 2016, Wonderland a bénéficié d’une réédition en poche chez Points Thriller. Est-ce mérité ?

Meurtres dans un parc d’attraction

Après la mort de son mari, Vanessa Castro accepte l’offre d’un vieux copain de son père, Frank Greenberg, de devenir chef adjoint des forces de police de la ville de Seaside. Vanessa connaît Seaside où elle venait plus jeune passer ses vacances d’été. La ville a comme particularité de devoir sa prospérité au parc d’attraction de Wonderland. Dès sa première nuit à Seaside, Vanessa rencontre un homme séduisant avec qui elle passe une nuit torride. Le lendemain matin, elle prend ses fonctions et est averti de la disparition de Blake Dozier, un jeune employé saisonnier de Wonderland, qui a pris le temps de poster sur Facebook une photo de lui au sommet de la grande roue. Et on a aussi retrouvé le corps d’un sans-abri, bien abîmé. Vanessa débarque à Wonderland et découvre que le type de la veille n’est autre qu’Oscar Trejo, le sous-directeur du parc :

— Pourquoi m’avoir caché que vous étiez le sous-directeur du parce ? / —Parce que… » Il réfléchit. « Il n’y a pas moyen de répondre à cette question sans avoir l’air con. / — Tout à fait. »

Vanessa Castro enquête. Elle découvre qu’il y a eu d’autres disparitions inexpliquées. Quant à la patronne du parc, Bianca Bishop, elle a la fâcheuse tendance de coucher avec les jeunes employés, les wonderboys. Plus Vanessa avance, plus elle découvre des cadavres…

Un thriller abracadabrantesque

Wonderland, ne le cachons pas, accumule les péripéties et les révélations. La petite ville de Seaside est en fait bien pourrie de l’intérieur. Ados avides de sexe, jeunes filles innocentes, patronne nymphomane et un peu folle, flics déboussolés… Bref, tout pour plaire à un amateur de thriller. Reste que Jennifer Hillier en fait un peu trop à notre goût.  Toute cette violence ne débouche pas sur une peinture des petites villes américaines, une critique sociale ou une dérive vers le fantastique (elle aurait pu s’y diriger et flirte avec cette direction).

Wonderland est une agréable lecture d’été. On est loin, très loin de Jim Thompson…

Sylvain Bonnet

Jennifer Hillier, Wonderland, traduit de l’anglais (États-Unis) par Claire Desserey, Points Seuil « Thriller », janvier 2018, pages, 8,20 eur

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