La face nord du cœur, le passé douloureux d’une héroïne

La « prequel » d’une série

Espagnole, Dolores Redondo est l’auteur de la « Trilogie de la vallée du Baztan ». Publiée en France entre 2013 et 2017, elle a introduit le personnage de l’inspectrice basque Amaia Salazar. Elle y était confrontée à des tueurs en série qui réveillaient ses blessures d’enfance. La Face du nord du cœur l’amène à retourner dans son passé, une dizaine d’années avant les précédents romans. Et à quitter l’Europe pour les États-Unis.  

Neutraliser un tueur en plein ouragan

Amaia Salazar remua, mal à l’aise, sur son siège au deuxième rang. Elle avait été une des premières à arriver dans la grande salle où allait se dérouler la conférence qui, vu la grande affluence du public, menaçait d’être trop petite. À la différence des cours des jours précédents, réservés exclusivement aux policiers européens, celui-ci était annoncé comme un cours magistral et ouvert à tous les agents et élèves du FBI qui voulaient y assister. Son regard le plus froid suffit pour tenir à distance des sièges voisins du sien deux agents en costume et deux élèves trop souriants, vêtus du polo bleu caractéristique de l’académie.

Salazar est venue se former au profilage à Quantico. Elle est remarquée par l’agent Dupree qui comprend son potentiel et aussi qu’elle a un passé lourd. Très lourd, similaire au sien. Dupree et son équipe sont à la rechercher d’un tueur en série, le Compositeur, qui assassine des familles dans le sud des États-Unis. Selon toutes probabilités, il risque de frapper à la Nouvelle-Orléans. Amaia Salazar accepte, malgré l’imminence de l’arrivée de l’ouragan Katrina et sans savoir que son passé va l’assaillir…  

Un thriller marqué au fer rouge

La force de La Face nord du cœur est de proposer une narration entre la Nouvelle-Orléans et des flashbacks issus du passé de Salazar dont on comprend mieux les traumatismes et aussi la vocation de policière. La seconde moitié du roman est assez exceptionnelle, l’auteur réussissant très bien à décrire la plongée dans le chaos de la ville, en même temps que les personnages affrontent l’horreur, particulièrement celle tapie en eux et dans leur passé (Dupree cache aussi de lourds secrets). L’effroi de certaines pages accompagnera longtemps le lecteur.

Recommandé aux amateurs, La Face nord du cœur peut être lu sans problèmes par ceux qui n’ont pas lu les autres romans mettant en scène Salazar.

Sylvain Bonnet

Dolores Redondo, La Face nord du cœur, traduit de l’espagnol par Anne Plantagenet, Gallimard « série noire », janvier 2021, 688 pages, 20 eur

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