Rebel Moon 2 : avis sur une catastrophe SF signée Zack Snyder sur Netflix

Kora rentre sur Veldt, accompagnée des guerriers qui doivent l’assister dans la lutte contre le Monde-Mère. Ils auront fort à faire s’ils veulent déjouer les plans de l’amiral Noble…

Nouveau responsable des productions cinématographiques sur Netflix, Dan Lin désire, selon ses déclarations récentes, ralentir le rythme de sortie des films sur la plateforme, diminuer drastiquement les budgets alloués et augmenter la qualité. Cette allocution louable sur le papier prête à discussion puisqu’il n’a pas hésité à annuler le projet de Kathryn Bigelow, Aurora. Une décision incompréhensible et surtout contradictoire avec les velléités affichées. Quoi qu’il en soit, Dan Lin parviendra peut-être à ses fins, seul l’avenir le dira.

Dans tous les cas, on souhaite vraiment qu’il écartera d’emblée des naufrages (coûteux qui plus est) de l’envergure de Rebel Moon : Partie 2 – L’Entailleuse. En effet, Zack Snyder revient pour donner suite à une saga calamiteuse, largement influencée par Star Wars, Les Sept samouraïs et Warhammer 40 000. Le volet précédent Rebel Moon : Partie 1 – Enfant du Feu s’était distingué par ses insuffisances sur le fond et sur la forme. Mais son successeur se complaît tellement dans une médiocrité insistante qu’il en deviendrait presque sympathique.

Le ralenti de trop

Comme beaucoup d’autres tâcherons, Zack Snyder aspire à devenir le chantre de la pop culture contemporaine. Bien entendu, faute des qualités suffisantes, il se vautre dans une esthétique crasse pour mieux masquer ses carences en termes de mise en scène, ce dans chacun de ses travaux. Et Rebel Moon : Partie 2 – L’Entailleuse n’échappe point à cette règle et se pare d’une photographie laide au possible (même si oui, attaquer sur le physique relève d’une certaine bassesse, il faut l’admettre).

Pis encore, le recours excessif aux ralentis ne lasse plus, mais irrite désormais au plus haut point. Lorsque Sam Peckinpah ou John Woo employait ce procédé, ils s’appuyaient à la fois sur un rendu visuel impeccable et magnifiaient l’action à l’écran, en dépit de l’esbroufe générée. Chez Zack Snyder, l’utilisation de ce principe est censée étirer le temps (Ozu, Kubrick et Tarkovski apprécieraient, c’est sûr) pour mieux dissimuler encore une fois, les faiblesses du réalisateur, en matière formelle. Rebel Moon : Partie 2 – L’Entailleuse n’a rien à raconter et tourne en rond, à l’image de ces guerriers participant à la moisson, gros plan et ralenti accentuant ici le ridicule des situations.

Narration au rabais

Et il faut avouer que le film sombre aussi bien par sa narration que dès qu’il aborde des situations dramatiques, à l’instar de la romance traitée comme dans le plus mauvais roman de gare. Conscient des ellipses disséminées dans le premier opus, Zack Snyder se plaît à exposer ici ses protagonistes à l’aide de flashbacks grossiers, dont la teneur sans saveur et sans originalité ne crédibilise même pas les intéressés. Contrairement à Akira Kurosawa qui caractérisait ses fiers à bras grâce au pouvoir de la suggestion, Zack Snyder désire insuffler l’esprit dur à cuire de ses personnages par quelques images vulgaires et illustratives. Par conséquent, alors que leurs interprètes semblent perdus, on ne parvient jamais à s’attacher réellement à leurs alter ego.

Et ce ne sont pas les quelques moments soi-disant épiques qui extirpent le spectateur de sa torpeur. Entre sacrifices risibles (seuls manquent les violons dans ces moments) et l’heure de bataille rangée digne d’une série Z (pour un budget de cette dimension, c’est bien triste), rien ne lui est épargné. Et les secrets à peine éventés pour le troisième épisode (à venir en 2027…) ne suscitent une aucune curiosité (on devine déjà l’identité de la « princesse »). Concernant l’héroïne, à savoir Kora, elle indiffère aussi bien dans ses instants de réflexion que de rébellion. Pourtant, Zack Snyder s’imagine user de subtilité quand il s’attarde sur quelques quidams tout juste présentés, tel le jeune garçon et jeter un faux voile pudique quant à leurs relations avec le reste de la distribution. Cependant, l’effort insurmontable pour lui, engendre des séquences plus désastreuses les unes que les autres.

Mais fort heureusement, Zack Snyder promet une version longue pour Rebel Moon : Partie 2 – L’Entailleuse, un director’s cut de plus (après Watchmen et Justice League), qui gommera selon lui les défauts du long-métrage, en ajoutant une bonne dose de sexe et de violence. Si l’on doute d’ores et déjà du résultat, on constate que le cinéaste a compris depuis longtemps les ficelles du métier aujourd’hui, ce qui lui permet d’éviter de se noyer à Hollywood. Néanmoins, la supercherie a assez duré et il serait grand temps que l’industrie lui coupe les vivres, à commencer par Dan Lin et Netflix.

François Verstraete

Film américain de Zack Snyder avec Sofia Boutella, Djimon Hounsou, Ed Skrein. Durée 2h03. Disponible sur Netflix

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