Population : 48, le thriller d’anticipation d’Adam Sternbergh


Population : 48 d’Adam Sternbergh est une thriller d’anticipation qui peut faire froid dans le dos ! On ne vous souhaite surtout pas de faire partie des habitants de cette curieuse bourgade au milieu de nulle part.

« Nous avons trois règles et ces trois règles doivent impérativement être respectées : 1- aucune visite 2- aucun contact 3- aucun retour. »

Ville fantomatique pour les névrosés

Bienvenue à Caesura. Cela se traduit « césure » en latin ou plutôt « une pause au milieu du chemin ». Son nom signale dès son entrée qu’elle sera une rupture avec votre vie d’avant. 

Une maison est affectée à chaque nouvel habitant. Soit l’une des 48 maisons. Ces logements sont organisés tels des rangées de militaires au garde à vous, avec au centre de ce pseudo village, un pseudo bar, une pseudo épicerie, un inconvenant espace d’accueil, une librairie aussi désuète que sa tenancière et un parfaitement inutile bureau de police.

Caesura est un village au fin fond du sud des Etats-Unis, à plusieurs heures de route d’une hypothétique bourgade qui n’aura que peu d’utilité pour les habitants qui ne la visiteront pas.

Blind town

Tout le monde appelle la ville « Blind town » la ville de l’oubli, à juste titre car tous les habitants, exceptés les quelques salariés, n’ont plus de mémoire. Elles leur a été effacée de façon générale ou cilbée ! vous me direz c’est impossible, mais ça l’est à l’époque de l’histoire.

Comme tout nouvel arrivant, qui débarque souvent parmi quatre à cinq autres personnes, il faut décider de son nouveau nom. On emprunte le prénom et le nom sur deux listes distinctes. Des hommes d’Etat pour la premier, des acteurs pour la seconde, histoire d’effacer au regard des autres toutes traces de leur vécu.

Caesura n’est pas seulement votre nouveau lieu de vie, la ville fait partie d’un programme holistique visant à assurer votre santé et votre bien-être général sur le long terme.

Frances Adams se remémore son arrivée huit années plus tôt, enceinte, ce qu’elle ne savait pas et qui n’aurait jamais dû se produire. Sa mémoire effacée, elle ne se remémore que de rares souvenirs à part de vagues impressions et automatismes. Son fils aujourd’hui est le seul enfant. A 8 ans il n’a pas sa place ici. 

Une nouvelle vague d’arrivant perturbe à peine la vie monastique de la plupart d’entre eux.

Tout était si paisible

Tout bascule dès la première nuit. Si toutes les armes sont interdites, qui a tué Hubert Gable, retrouvé criblé de balles dans le bar ? Cet assassinat déclenche un cataclysme dans ce village où tout est fait pour vivre et mourir paisiblement. Voire carrément mourir d’ennuie.

Le lecteur va découvrir les sombres travers des créateurs de Caesura. Et surtout découvrir la vérité que chaque personnage avait décidé de cacher à soi-même et aux autres…

Scénario philosophique d’anticipation

Si vous avez besoin de lavez vos péchés, ne tentez pas l’aventure Casesura. Ce thriller vous embarquera vers les bas-fonds de la civilisation, faits des rebuts de la société. Population : 48 est un huit clos quelque peu oppressant. On découvre peu à peu l’ampleur de cette incroyable vie que les occupants ont a priori choisie et qui laisse songeur. Comment pourrait-on accepter de vivre reclus, une vie qui se résume à regarder son intérieur pauvre et dénué d’intérêt tout comme celui qui se porte à leur regard et qui ne va pas au-delà de ce qui s’apparente à une prison, juste encerclée d’une modeste barrière franchissable.

L’intrigue monte en puissance. Et au rythme des accélérations de l’histoire nous sommes tétanisés sans savoir jusqu’où nous mènera Population : 48. 

Effrayante réalité qui se rapproche de la fiction

Dans de nombreuses situations, chacun de nous aimerait effacer une partie de sa mémoire. Adieu les peines, les drames ou encore les erreurs que l’on doit supporter et porter avec soi. Ce serait tellement plus simple d’appuyer sur un bouton pour effacer les mauvais souvenirs et ne conserver que les bons !

La recherche avance de ce côté-là. Des chercheurs on déjà trouvé le moyen d’effacer et de réactiver la mémoire. La médecine voit derrière ce développement la possibilité de guérir des troubles post traumatiques. Mais l’armée, quant à elle, inverserait la méthode pour manipuler la mémoire et récupérer des secrets bien gardés.

Population : 48 propose de réfléchir à un avenir où l’oubli ne serait ni neutre ni gratuit. Ça fait froid dans le dos !

Xavier de La Verrie

Adam Sternbergh, Population : 48, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Charles Bonnot, 10/18, janvier 2020, 408 pages, 8,40 eur


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