Des démocrates en Amérique, l’heure des choix face à Trump

Une élection qui approche

L’épidémie de COVID n’a pas réussi à faire disparaître la campagne présidentielle américaine de l’actualité. Des démocrates en Amérique paru au printemps dernier décrit le parti rival des républicains de Trump. D’abord sonné par la défaite de Clinton en 2016, ils sont depuis en pleine ébullition idéologique. Célia Belin, docteure en science politique de l’université Panthéon-Assas, nous livre ici son analyse.

Des démocrates divisés

On relève souvent que l’Amérique est désormais très polarisée politiquement, plus qu’elle ne l’a a jamais été depuis un siècle. Si on suit des analystes comme Paul Krugman, le parti Républicain est désormais à droite, avec une aile modérée de plus en plus affaiblie.

Le livre de Célia Belin permet de voir que les démocrates suivent peu ou prou la même évolution. On a vu les succès de Bernie Sanders aux primaires 2016 et 2020 : sans être couronnés de succès, ils montrent un électorat qui se polarise. Or cela remet en cause la tactique suivie par les Clinton et aussi Obama de jouer l’élection au centre après les échecs de Mondale et de Dukakis dans les années 80.

Le parti des minorités et un candidat « centriste »

Le parti démocrate a toujours été une coalition de groupes parfois opposés. Tout le génie de Roosevelt fut de concilier des électeurs nordistes syndiqués, des intellectuels des deux côtes gauchistes, les « dixiecrats » du Sud et l’électorat noir. Le Sud est désormais républicain et le poids des minorités est désormais très prégnant chez les démocrates. Du coup, les débats sur le genre, les violences policières contre les noirs (ou les latinos), la lutte contre le sexisme se sont emparés du parti, surtout face à un président qui joue sur les peurs d’un électorat blanc et masculin.

Or, et notre auteure ne pouvait pas le savoir au moment de la rédaction, c’est Joe Biden qui a remporté l’investiture. Biden est un politicien à l’ancienne. Démocrate plutôt centriste, c’est le type même de dirigeant rejeté par une partie de la base démocrate. Il a donné des gages en prenant une femme noire, Kamala Harris, comme colistière mais cela sera-t-il suffisant ?

L’anti-Trumpisme, qui unit les démocrates, peut-il servir de stratégie gagnante en novembre prochain ? Rappelons qu’en 2004, Kerry s’est contenté d’être contre Bush et il a été sèchement battu…

Rendez-vous à la fin de l’année.  

Sylvain Bonnet

Célia Belin, Des démocrates en Amérique, Fayard / Fondation Jean Jaurès, février 2020, 288 pages, 22 eur

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