Marie-Caroline d’Autriche, l’irréductible

Ancien enseignant au CELSA, considéré comme un des meilleurs spécialistes du monde méditerranée, Alain Blondy s’est récemment fait remarquer du public des amateurs d’histoire avec une biographie très réussie de Paul Ier de Russie (Perrin, 2020), fils malheureux de la grande Catherine. Il a décidé cette fois-ci de s’intéresser à une reine de Naples, Marie-Caroline d’Autriche, et à son parcours haut en couleurs…

Une princesse autrichienne vouée au mariage

Sœur de Marie-Antoinette, elle grandit en osmose avec elle à Vienne, pour le plus grand agacement de leur mère. Marie-Caroline est mariée à seize ans à Ferdinand IV de Naples. Loin d’être un Apollon, Ferdinand est frivole, inculte et dès le début infidèle. La jeune princesse autrichienne va faire contre mauvaise fortune bon cœur et enchaîner les grossesses. Elle va surtout vouloir émanciper son mari de la tutelle de son père, Charles III d’Espagne, ancien roi de Naples. Et elle va, à force d’efforts, y arriver, démontrant ainsi une certaine force de caractère. Elle va aussi appuyer l’ascension de John Acton, un britannique qui deviendra ministre des affaire étrangères du royaume de Naples. Beaucoup diront qu’ils sont amants. Reste qu’elle favorise, loin du pacte de famille de Louis XV, l’alliance avec Londres.

Paradoxes d’une vie

Femme des Lumières, allemande jusqu’au bout des ongles, Marie-Caroline va beaucoup s’appuyer sur la fraction éclairée de la noblesse napolitaine, ainsi que sur la franc-maçonnerie. Quand la Révolution française éclate, la reine de Naples est révoltée, craint la contagion et redoute avec raison le pire pour sa sœur. La campagne d’Italie de Bonaparte, qu’elle se met à la fois à haïr et à admirer, rapproche le danger avec l’avancée des armées de la République française vers le royaume. Le pire finit par se produire avec les intrigues combinées du ménage royale et les français tant honnis entrent à Naples : c’est le fameux moment de la république parthénopéenne, décrite par Alexandre Dumas dans son roman La San-Felice, qui voit ces fameux nobles et bourgeois « éclairés », souvent francs-maçons, rallier la France : un choc pour la reine qui constate que c’est le peuple des campagnes et une partie des lazzaroni qui se sont révoltés. Si le ménage royal ne tarde pas à être restauré, rien ne sera plus comme avant. Et la pression française ne disparaît pas, au contraire : Napoléon finit même par envahir en 1805 le royaume de Naples. Comme en 1799, le ménage royal s’enfuit en Sicile avec l’aide navale anglaise mais la reine mourra en 1814. Alain Blondy réussit en tout cas à nous passionner pour l’itinéraire très contrasté de cette femme de tête, au demeurant mère de Marie-Amélie épouse de Louis-Philippe d’Orléans, (dernier) roi des français.

Sylvain Bonnet Alain Blondy, Marie-Caroline d’Autriche, Perrin, janvier 2025, 448 pages, 25 euros

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