1939-1945 La guerre mondiale des services secrets : les grandes manœuvres de l’ombre

Collaborateur du Figaro Histoire et du Point, auteur de nombreux ouvrages sur le monde de l’espionnage comme Les femmes de l’ombre (Perrin, 2019) ou Les espions de Cambridge (Perrin, 2022), Remi Kauffer vient de sortir 1939-1945 la guerre mondiale des services secrets, un ouvrage où il reprend aussi beaucoup des thèmes qu’il a développé auparavant.

Des nazis bien partis mais pas si bien notés

Une des surprises de cet ouvrage pour le lecteur néophyte est de découvrir que le IIIe Reich, célèbre pour ses maîtres espions comme Canaris, Heydrich ou Schellenberg, n’a pas brillé par la qualité de ses services d’espionnages. Si Hitler a réussi à intoxiquer Staline au moment de la préparation de Barbarossa, y compris dans une lettre diablement bien écrite, c’est aussi parce que le dictateur rouge s’était intoxiqué lui-même, persuadé que l’Allemagne ne voulait pas (tout de suite) déclencher une guerre contre l’URSS. Et c’est remarquable car nombre de rapports précis parvenaient à Moscou, dont ceux de l’excellent espion Richard Sorge, basé à Tokyo. Ici les nazis avaient réussi une belle opération de déception. Le Japon se révèlera très bon aussi au moment de Pearl Harbor, bénéficiant du manque de coordination entre les services de renseignement américains.

Des alliés très au point

Remi Kauffer revient sur plein d’affaires, impliquant notamment la Résistance française (dont celle impliquant La Chatte, je renvoie à son chapitre la concernant, passionnant). A le lire, on comprend vite que les alliés sont mieux armés pour la guerre de l’ombre. Les anglais se révèlent très doués pour les opérations de déception, par exemple au moment de préparer l’invasion de la Sicile en laissant traîner un cadavre d’officier britannique avec des faux documents (la base du roman L’homme qui n’existait pas) et ça marche. Ils sont excellents également au moment de la préparation du débarquement en Normandie, immobilisant plusieurs divisions allemandes dans le Pas-de-Calais grâce à l’opération Fortitude… et les américains ? Ils apprennent avec l’OSS les subtilités de l’espionnage et donneront leur mesure plutôt après la guerre (mais ils réussissent le projet Manhattan).

Voici un livre qui se dévore comme… Un roman d’espionnage !

Sylvain Bonnet

Remi Kauffer, 1939-1945 La guerre mondiale des services secrets, Perrin, août 2024, 496 pages, 25 euros

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