Drancy, un camp en France

Voici la réédition d’un ouvrage paru initialement chez Fayard en 2015. Rappelons que Denis Peschanski est directeur de recherche émérite au CNRS, que Renée Poznanski est une historienne israélienne et que Benoit Pouvreau est chercheur au service du patrimoine culturel du département de la Seine Saint-Denis. Que nous apprend ce livre ?

Des “HBM” au camp

Ce qui est devenu le camp de Drancy devait à l’origine être une cité ouvrière modèle, la cité de la Muette. Mais les travaux prirent du retard, notamment au niveau de la distribution de l’eau et les bâtiments sont en partie inoccupés. A leur arrivée, les Allemands en font d’abord un camp d’internement pour les prisonniers de guerre Français mais aussi Anglais et canadiens, avec visites de la Croix Rouge. A partir d’août 1941, la cité accueille ses premiers juifs. C’est alors que Drancy devient une sorte d’antichambre de la mort, une étape avant le départ pour l’est et les camps d’extermination…

Le « camp des Juifs » et après

Les trois historiens proposent une histoire complète du site, incluant les gardiens français. La situation sanitaire de Drancy se dégrade vite et le site est connu en France : ainsi Louis Aragon écrivait en 1944 que le nom de Drancy faisait « frémir les Français les plus impassibles d’apparence ». Soulignons que pour l’année 1944, jusqu’à la Libération, 15 000 juifs (sur un total de 63 000 pour l’ensemble de la période) quittèrent le camp pour l’Est, pour Auschwitz entre autres. Ce bilan macabre est largement dû à l’action d’Aloïs Brunner, secondé par la Milice et Vichy. La libération ne voit pas la fin de l’utilisation du site qui voit désormais arriver des collaborateurs. C’est fin 1945 que la cité de la Muette retrouve son « usage premier ». Une histoire tragique qui est ici bien restituée.

Sylvain Bonnet

Denis Peschanski & Renée Poznanski & Benoît Pouvreau, Drancy, Flammarion « Champs », mai 2025, 351 pages, 12,50 euros

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