Oserez-vous pénétrer dans l’Antre de la pénitence ?

couverture du comics Dans l’Antre de la pénitencePeter J. Tomasi est connu des lecteurs français pour son travail sur Batman & Robin. Changement radical de registre avec Dans l’Antre de la pénitence puisqu’il revisite le thème classique de la maison hantée. Avec les splendides dessins de Ian Bertram. Un comics indispensable aux amateurs de récits étranges et torturés !

 

 

Début du XXème siècle, Californie. Peck un vagabond au passé douloureux trouve du travail sur le chantier de la maison Winchester. L’héritière du fabricant d’arme a ordonné la construction d’une immense demeure. Mais le chantier est perturbé par le comportement étrange de Sarah Winchester. La jeune femme ordonne aux ouvriers de construire des portes ou des escaliers qui ne mènent nulle part. Peck et les hommes du chantier sont persuadés qu’elle est devenue folle après le décès de son époux et de sa fille. Mais d’autres prétendent que la maison Winchester est hantée…

 

extrait du comics Dans l’Antre de la pénitence
crédit : Iam Bertram (Dark Horse)

 

Tiré d’une histoire vraie

Pour créer cette étrange histoire, le scénariste Peter J. Tomasi s’est inspirée d’une histoire vraie. Celle de Sarah Winchester qui, après la mort de son mari et de sa fille, fait appel à un médium. Ce dernier lui conseille de construire une maison pour elle et tous les esprits des personnes tuées par les carabines Winchester. Tant que la demeure sera en travaux, Sarah sera à l’abri du danger. Elle dépense plusieurs millions de dollars pour rénover et agrandir une immense ferme. Les travaux vont durer 38 ans, 365 jours par an, 7 jours sur 7, et 24 heures sur 24. La légende raconte que chaque soir elle consultait les esprits pour dessiner les agrandissements de la maison, plans qu’elle remettait le lendemain aux ouvriers. De nos jours, la maison Winchester existe toujours et est devenue un monument historique et touristique.

 

extrait du comics Dans l’Antre de la pénitence
crédit : Iam Bertram (Dark Horse)

 

L’Antre de la folie

Avec Dans l’Antre de la pénitence, Peter J. Tomasi renouvelle avec brio le genre usé de la maison hantée. Ce n’est pas dans le fond que le scénariste innove mais plutôt dans la manière de nous plonger peu à peu dans la souffrance et la tristesse de l’héroïne. Il faut lire ces passages empreints d’une grande tristesse où Sarah parle seule ou plus précisément aux vêtements de nuit de feu sa fille et son époux. Ou Sarah, toujours, sombrer dans la démence quand les travaux cessent et que les esprits menacent d’envahir la maison. Folie ? Réalité ? Tomasi joue la carte du doute jusqu’au bout. Quoiqu’il en soit, la maison Winchester finit par cristalliser le deuil de Sarah, devient le labyrinthe de sa souffrance psychologique, avec ces portes qui ouvrent sur le vide ou ces escaliers qui mènent au plafond. Et arrivée à sa conclusion, cette magnifique descente dans les abîmes de la folie n’hésite plus à citer à H.P. Lovecraft.

 

extrait du comics Dans l’Antre de la pénitence
crédit : Iam Bertram (Dark Horse)

 

Iam Bertram, superbe

L’autre point fort de L’Antre de la pénitence est indiscutablement son dessin. Iam Bertram livre un album au style sans concession et puissamment original (je vous invite à lire cette interview de l’artiste sur PlaneteBD). Sa façon de représenter les personnages, de les modeler méticuleusement, leur donne un air étrange. Iam Bertram retranscrit avec réussite la folie de Sarah. Mieux, il utilise de nombreuses astuces graphiques pour nous plonger dans l’ambiance délétère de cette étrange maison. Comme ces onomatopées qui viennent briser les bordures des cases. Ou ces vers rouges qui semblent sourdre des cases à chaque crise de folie. Une maestria graphique soulignée par un format d’album un peu plus grand que d’habitude et un joli papier glacé. Autant dire que l’Antre de la pénitence offre autant à réfléchir qu’à voir. Une très belle surprise.

 

Stéphane Le Troëdec

 

Peter J. Tomasi (scénario), Ian Bertram (dessin), Dans l’Antre de la pénitence, Glénat, octobre 2017, 192 pages, 19,95 euros

 

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