Et les vivants autour de Barbara Abel
La famille Mercier est depuis quatre ans réunie autour du corps de Jeanne, qui gît dans le coma après un accident de voiture. Situation invivable qui a laissé chacun avec son ressentiment, ses secrets, ses colères. Mais quand un événement incongru vient déranger la situation en place, ce sont tous les petits secrets des uns et des autres qui vont venir se percuter. Ainsi, Et les vivant autour de Barbara Abel est une spirale qui va progressivement étourdir son lecteur.
une famille si bien rangée
Il y a d’abord le père, Gilbert, entrepreneur froid et autoritaire. C’est la vraie figure du Pater familias. C’est un être dur, qui met tout le monde sous sa coupe. Sa femme, Micheline, est l’archétype de l’épouse effacée.Elle supporte les colères et se consacre au bien-être de sa maison et de ses filles, malgré les conflits évidents entre deux jeunes femmes modernes et libres et cette image peu valorisante d’une bourgeoise au foyer. La sœur, Charlotte, dont la vie de couple n’est pas une réussite, et dont on apprend que sa relation avec Jeanne était difficile, fait d’amour et de haine.
Parce que le vide de l’une remplit le néant de l’autre.
Et puis Jérôme, le gendre, qui formait avec elle le couple idéal. Mais qui, malgré tout l’amour qui lui porte, commence à ne plus pouvoir résister aux tentations. Quatre ans, c’est long. Et comme acteur, il séduit. Cet intrus dans la famille sera peut-être l’autre élément déclencheur d’un drame larvé. Car les filles appartiennent toujours au père…
Et les vivants autour un thriller psychologique en huis clos dans les secrets d’une famille. Et c’est terrible. Terrible et délicieusement jouissif. On est dans la tête de chacun au fil des chapitres. Mais cette vision globale ne nous éclaire pas plus, tant Barbara Abel maîtrise l’art de se jouer de son lecteur. Pour son plus grand plaisir.
Loïc Di Stefano
Barbara Abel, Et les vivants autour, Belfond, mars 2020, 444 pages, 19 eur