Vindicta, la vengeance selon Cédric Sire

Raconteur d’histoires hors pair, Sire Cédric est devenu Cédric Sire en entrant au catalogue de Métropolis, la maison d’édition qui change le polar français contemporain. Seul changement ? Des thrillers fantastiques qui ont fait sa notoriété il passe au thriller ancré dans la vie réelle — même si c’est très très noir et qu’on est parfois aux frontières des genres ! Avec Vindicta, coup de maître, il s’impose comme la nouvelle norme du polar !

Comme son nom l’indique, Vindicta est une histoire de vengeance. Et le pitch est assez simple. Quatre amis paumés pensent que le braquage qu’ils vont commettre, après l’avoir si minutieusement préparé, va changer leur vie. Quoi de plus sûr en effet pour ne pas être pris que de voler de l’argent sale que le propriétaire n’ira pas réclamer ? Et ils n’ont pas tord ! Ce braquage va changer leur vie…

L’enquête se met en place, et le roman semble d’abord nous entraîner dans une course-poursuite attendue entre les braqueurs et les policiers. Nous plongeons dans un univers de grand-banditisme, de fausse-monnaie, alternant les points de vue pour une meilleur dynamique. Mais tout bascule quand Vindicta montre sa vraie nature : le mal à l’état pur !

Car s’il se tient à distance du fantastique, il faut reconnaître que le vengeur (punisseur ?) qui surgit de l’ombre et pourchasse les braqueurs (on saura pourquoi, mais chut !) est particulièrement vicieux et semble doté de capacités hors normes (comme le Punisher, ce super héros très dark de l’univers Marvel, qui n’hésite pas à tuer). Un hasard si le titre initialement prévu était La Nuit tueur ? Un tueur qui, bien que très productif et d’un lourd passé (de militaire d’élite, de tueur en mission, lui aussi), s’engage cette fois sans autre contrat que son engagement moral propre, pour des raisons personnelles.

Prends ta Ventoline® mon ami !

Un rythme fou emporte le lecteur et lui met une vraie pression : c’est le livre qui décide seul ! Il y a de la frénésie et un plaisir réel. Pour ceux qui aiment perdre le contrôle, c’est le jouet idéal ! Mais les lecteurs plus attentifs au style et non pas simplement au rythme comprendront aussi tout le travail qui est fait, sur les phrases qui percutent, sur les enchainements de malade qui bousculent les pulsations cardiaques. Toujours plus vite, toujours plus haletant, comme une chute vertigineuse à la fois dans la peur et la jouissance. C’est un livre parfaitement travaillé pour donner le vertige !

Cela se rencontre parfois, un livre qui tient toutes ses promesses : noirceur, violence, rythme fou, suspens prenant, révélation finale qui démonte toutes les convictions. Vindicta est si prenant et si intelligent, qu’on a parfois l’impression que c’est lui qui se sert de nous pour être lu… Si vous dévorez des livres, attendez-vous, pour une fois, a être dévoré par lui !


Loïc Di Stefano

Cédric Sire, Vindicta, Métropolis, mars 2019, 557 pages, 21,90 eur

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