La Cinquième victime de Franck Linol

Premier roman paru initialement en 2010 chez Geste édition, La Cinquième victime reparaît en poche chez J’ai lu. Signe de qualité s’il en est. Et s’il a les défauts des premiers romans, il a aussi beaucoup de qualités, dont celle de brosser des personnages très attachants.

Le retour de l’enfant du pays

Franck Dumontel, flic aguerri, quitte Paris pour retrouver son Limoges natal. Son retour coïncide avec une affaire particulièrement violente et rare dans cette région paisible. Le corps d’un sexagénaire est retrouvé crucifié avec du fil barbelé, et émasculé. Veuf, solitaire, sans famille, aucun vol de commis ni de sévices sexuels, sauf la majeure ablation, réalisée post-mortem. Pourquoi ce vieil homme choisi comme cible d”‘une mise en scène particulièrement macabre ? Pourquoi cette exposition ?

Franck n’aura pas encore réunis les premiers indices qu’il a une certitude : cette affaire sordide est liée à lui. C’est le pays de son enfance, et le premier témoin le reconnaît, le « petit » Dumontel, dont le père était l’instituteur un peu sévère qui a régné sur tous les gamins du coin. Un deuxième meurtre, puis un troisième, jusqu’au cinquième du titre, le confirmeront dans cette idée. Mais quel est le lien ? De quel enfer d’un passé oublié ce monstre est-il sortir pour, si longtemps après, exécuter une terrible vengeance ?

Des personnages attachants

Ce qui fait une part non négligeable du plaisir à lire La Cinquième victime, c’est la qualité des personnages. Franck fait équipe avec une jeuner recrue, Dany Marval, qu’il va prendre sous son aile et en faire petit à petit son coéquipier. Il y a aussi le médecin légiste qui, comme de bien entendu, est un rien décalé. Les autres enquêteurs, le commissaire, la famille de Franck, tout est très vivant et concoure à donner de l’épaisseur au personnage. On pourra regretter que le tueur, pour sa part, a été vite réduit au sentiment qui le meut.

Si l’on sent les faiblesses d’un premier roman — dans la résolution un peu rapide et dans le trop plein d’éléments autobiographiques (le même prénom, le même passé…) —, La Cinquième victime porter son lecteur par le duo de flics attachants. L’enquête en elle-même est un peu vite réglée, mais le roman se lit avec beaucoup de plaisir. C’est un jeu habile qui mêle au présent les fantômes du passé auquel s’est adonné, avec une belle réussite, Franck Linol.

Loïc Di Stefano

Franck Linol, La Cinquième victime, J’ai lu, janvier 2022, 8 eur

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