L’Empire britannique en guerre, quand la Grande-Bretagne dominait le monde
Ancien chercheur à la Fondation pour la mémoire de la déportation, Benoît Rondeau, spécialiste d’histoire militaire, a aussi publié un certain nombre d’ouvrages dont une biographie de Patton (Tallandier, 2016), Être soldat de Hitler (Perrin, 2019) et Le soldat britannique (Perrin, 2021). Ici, il revient avec L’Empire britannique en guerre, un ouvrage qui pose une question fondamentale : comment l’Angleterre a fait pour « tenir » son empire colonial, le plus vaste du monde ?
Une armée impériale
Le livre s’ouvre avec la révolte des Cipayes en 1857 qui ébranle la domination britannique aux Indes et va mettre fin à la East India Company, Londres administrant alors directement le sous-continent. Le gouvernement britannique va lors créer l’armée des Indes, des soldats indigènes avec un encadrement européen, un schéma qui va se répéter dans beaucoup de possessions coloniales britanniques (et que les français vont reprendre). Le grand atout britannique est bien sûr la domination de la Navy qui assure le ravitaillement des colonies. Londres a comme principaux rivaux la France, surtout en Afrique, et la Russie en Asie : c’est l’époque du grand jeu. Et l’Empire ne cesse au fond d’être en guerre.
Des succès et le repli
Le système britannique fonctionne, malgré des défaites ponctuelles comme en Afghanistan en 1842, face aux Zoulous à Isandhlwana en 1879 ou dans la première phase de la guerre des Boers, et permet de bâtir un empire sur lequel le soleil ne se couche jamais. Des hommes comme Kitchener, l’homme de la victoire contre le Mahdi du Soudan, vont bien entendu jouer un grand rôle dans ce moment impérial britannique qui trouve son apogée au sortir de la Grande guerre, malgré des signes de fragilité : l’économie britannique est dépassée par les États-Unis et les premières contestations se font entendre en Inde. Mais Londres tient son empire, s’en sert pour faire face à la crise économique de 1929 et aussi au choc de la seconde guerre mondiale. Churchill y trouve des hommes et des matières premières. Cela n’empêchera pas l’Inde d’accéder la première à l’indépendance en 1947, début d’un processus qui s’achèvera dans les années soixante. Bonne synthèse.
Sylvain Bonnet
Benoît Rondeau, L’empire britannique en guerre, Perrin, mars 2024, 400 pages, 25 euros