La grande conspiration de l’an XII, une affaire ténébreuse

Ancien rédacteur en chef adjoint chez Bayard Presse, auteur des Maréchaux d’Empire (Hachette, 2008), Jean-Claude Demory revient ici sur un complot qui secoua la France consulaire quelques semaines avant la proclamation de l’Empire, permettant aussi à Fouché de revenir sur le devant de la scène.

Cadoudal, le chouan

C’est aussi l’occasion de revenir sur le personnage de Georges Cadoudal, un des derniers chefs de la chouannerie, personnage fort en gueule dont la corpulence impressionnait. Bonaparte l’avait fait venir pour un entretien en essayant de le séduire, sans succès : Georges, comme tout le monde l’appelait, resta fidèle au Royalisme. Un pied en France et un pied en Angleterre, il essaie de convaincre le comte d’Artois et le gouvernement de Londres de le financer pour un ultime coup : capturer Bonaparte, ou le tuer. De l’argent, on lui en donne. Cadoudal part donc pour la France préparer son opération, attendant la venue du comte d’Artois pour prendre le pouvoir au nom de Louis XVIII dès le « coup » opéré. Mais c’est Pichegru, ex-général républicain rallié aux royalistes, qui débarque. On compte sur lui pour rallier son ancien subordonné, Moreau, auréolé de sa victoire d’Hohenlinden.

Un complot qui fait une victime collatérale

Tout ce beau monde arrive à Paris, tient des conciliabules… Mais un homme est au courant grâce à son réseau de « mouches » : Fouché. C’est lui qui prévient Bonaparte, fait mettre son affidé Réal sur l’affaire. Et c’est lui qui en retire tout le bénéfice. Quelqu’un va payer par contre alors qu’il n’y est pour rien : le duc d’Enghien, fils du duc de Bourbon (et non du prince de Condé comme indiqué dans le livre) qu’on prend pour le fameux prince qui devait venir à Paris. Il finit fusillé à Vincennes, une bien triste affaire… Pichegru mourra dans des circonstances mystérieuses, Moreau sera condamné à deux ans (Napoléon le fera bannir) et Georges Cadoudal montera avec courage sur l’échafaud.

La Grande conspiration de l’an XII est un complot mal ficelé donc, bien raconté ici par Jean-Claude Demory.

Sylvain Bonnet

Jean-Claude Demory, La Grande conspiration de l’an XII, Nouveau monde éditions, février 2024, 288 pages, 20,90 euros

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