« Macbeth » de Jo Nesbo, Shakespeare version polar

Une commande pour un auteur prestigieux

 

Ce roman correspond à un projet éditorial original, consistant à demander à différents auteurs de reprendre une pièce de Shakespeare et de l’adapter en roman, dans un genre contemporain et c’est Jo Nesbo s’est donc chargé de Macbeth qu’il a choisi de transposer dans l’Écosse du début des années 70. Nesbo, rappelons-le, n’est pas n’importe qui : il a créé le personnage d’Harry Hole et a donné au genre avec Rouge-Gorge ou Rue Sans-Souci des classiques du roman noir. Nesbo a déjà répondu à des commandes, de la télé par exemple (la série Occupied, diffusée sur ARTE), allons voir comment il s’est sorti de cette valse avec Shakespeare.

 

Noire Ecosse

 

« Réveille-toi », c’était Banquo, qui chuchotait dans son oreille.

– Quoi ?

– Toutes les équipes ont signalé qu’elles étaient en place.

Macbeth respira profondément deux fois. Il devait exclure le reste maintenant. Se mettre dans l’Etat. »

 

Bienvenue dans une ville où le monde est tenu par Hécate, trafiquant aussi invisible que puissant, dont les esclaves vendent une drogue nommée le bouillon aux toxicos locaux. Sévit aussi le gang des Norse Riders mené par Sweno, activement recherché par la police. Sous le préfet Kenneth, la ville sombrait dans la corruption mais avec Duncan, les choses semblent aller mieux. Semblent…  Macbeth est le commandant de la garde et participe aux opérations spéciales. Il est aidé par Banquo, son meilleur ami. Il est aussi l’amant de Lady, superbe femme au passé trouble possédant un casino. Il aime passionnément Lady qui le lui rend bien. Hécate décide de manipuler Macbeth et Lady pour assassiner Duncan pour que le premier prenne sa place. Ainsi Hécate aura à nouveau un préfet à sa botte, surtout que Macbeth regoûte au bouillon auquel il était accroc plus jeune. Mais Duff, un flic de la criminelle, sa maitresse Caithness et d’autres vont finir par se rendre compte du pot aux roses : la réaction de Macbeth sera terrible, y compris pour ses amis.

 

Un exercice de style

 

La lecture de Macbeth est agréable, bien rythmée et bien construite. Avec métier, Nesbo a réellement pris plaisir à reprendre les personnages et l’atmosphère shakespearienne pour créer un polar dur, âpre. On retrouve en Macbeth des échos de Harry Hole, en Duff aussi. On est cependant loin d’une réussite comme Rouge-gorge qui réussissait à marier une vision critique de la Norvège et de son rapport à la seconde guerre mondiale- au drame personnel vécu par le personnage fétiche de Nesbo.

Un bon roman mais on attendra plus du prochain volume de la série consacrée à Harry Hole, prévu en 2019.

 

 

 

Sylvain Bonnet

 

Jo Nesbo, MacBeth, traduit du norvégien par Céline Romand-Monnier, Gallimard, « Série noire », septembre 2018, 624 pages, 21 euros

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