Otto Skorzeny, noire fascination

Ancien chercheur à la fondation pour la mémoire de la déportation, auteur d’Etre soldat de Hitler (Perrin, 2019) et du soldat britannique (Perrin, 2021), Benoît Rondeau s’est imposé comme un spécialiste de la seconde guerre mondiale. Il propose ici une biographie d’un personnage parmi les plus célèbres de l’armée allemande, Otto Skorzeny, chef des commandos ayant libéré Mussolini de façon spectaculaire en 1943.

Un nazi bon teint

D’origine autrichienne comme Hitler, Skorzeny entre dans l’armée allemande après avoir été membre des SS autrichiens. Après une formation assez rapide, il prend part aux opérations en France puis à l’opération Barbarossa. Il y montre du courage mais ne se fait pas réellement remarquer. L’homme par contre est clairement vu comme ayant des problèmes avec la hiérarchie, Skorzeny le roturier ne pouvant évidemment pas s’intégrer à la caste des officiers à particule. Il affirme aussi des convictions nazies très claires ainsi qu’un antisémitisme de bon aloi (si on peut dire). Il devient ensuite chef des commandos de la SS.

L’homme des commandos

Sa chance ? Hitler le choisit pour mener l’opération devant libérer Mussolini durant l’été 1943. Skorzeny relate avec beaucoup de détails son entrevue avec Hitler ainsi que le magnétisme que le dictateur a sur lui. Envoyé en Italie, disons qu’il remplit sa mission avec éclat. Il sait aussi très bien vendre sa réussite. Skorzeny monte d’autres opérations commandos, en Yougoslavie ou dans les Ardennes, pas avec la même réussite. La dernière, où lui et ses hommes se battent sous uniforme ennemi, lui vaudra un procès après-guerre : on le soupçonne d’avoir liquidé des prisonniers américains.

De l’art de rebondir

Skorzeny sort blanchi de son procès (il a eu au fond de la chance de ne pas être affecté à l’est où il aurait très certainement participé à des massacres) mais, trouvant le temps long, finit par s’évader, probablement avec des soutiens du côté américain. Il part en Espagne, terre d’asile pour d’anciens nazis (songeons à Degrelle) puis est recruté comme conseiller militaire en Egypte. Son aura est telle que le Mossad (!) finit par s’intéresser à lui et le recrute pour des missions encore obscures. Skorzeny n’en reste pas moins un « héros » pour la mouvance fasciste européenne jusqu’à sa mort en 1975. Cette biographie synthétique retrace avec minutie son itinéraire.

Sylvain Bonnet

Benoit Rondeau, Otto Skorzeny, Perrin, juin 2025, 384 pages, 23 euros

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