Le monde nazi, apocalypse

On a beaucoup écrit sur le IIIe Reich, Hitler, le nazisme. On s’est au fond assez peu intéressé à la vision nazie du monde. Johann Chapoutot, connu pour La loi du sang (Gallimard, 2014), Christian Ingrao et Nicolas Patin, auteur de la biographie de Kruger, un bourreau ordinaire (Fayard, 2017), ont donc décidé d’y consacrer un ouvrage assez volumineux.

Un monde à bâtir

Chez les nazis, il y a au fond l’espoir d’une utopie, basée sur une vision du monde idéalisée où la race germanique est au sommet. Il y a aussi le refus des anciennes monarchies et une méfiance envers l’aristocratie : ne sont-elles pas aussi responsables de l’effondrement de 1918 ? Le traumatisme de la défaite hante aussi l’imaginaire des nazis, persuadés de la réalité du « coup de poignard dans le dos ». Leur but en tout cas est simple : sauver le « Volk », le peuple grâce à l’action du Führer, lui-même un homme du peuple, pour se libérer des juifs, antithèse des aryens. Idéal un peu simpliste ? En tout cas, les nazis rejettent la démocratie et ses valeurs, même s’ils vont habilement exploiter le processus des élections, et s’allier avec les vieilles élites qui vont leur offrir l’accès au pouvoir. Et une fois installés aux commandes de l’état, les nazis font tout pour y rester…

La « guerre génocide »

Quand on lit l’ouvrage livré par nos trois historiens, la guerre de 1939-45 est l’aboutissement logique de la vision du monde nazie. Sans adopter une vision téléologique, notre trio voit dans l’action des nazis durant la seconde guerre mondiale l’aboutissement de la vision du monde des nazis, de leurs angoisses et de leur eschatologie. Soit. Ils notent aussi à raison que rien n’aurait pu se faire sans le consentement massif de la population allemande, les gens dit « ordinaires » se concentrant sur leur quotidien. Les opposants étaient rares…

Cet ouvrage invite l’amateur d’histoire de la seconde guerre mondiale à réfléchir.

Sylvain Bonnet

Johann Chapoutot & Christian Ingrao & Nicolas Patin, Le monde nazi 1919-1945, Tallandier, 2024, pages, 27,50 euros

Laisser un commentaire