Anne de Bretagne, les souffrances d’une femme d’état

La collection « ils ont fait l’histoire », codirigée par Fayard et Glénat, accueille maintenant, après des albums consacrés à Staline ou de Gaulle, une femme : la duchesse Anne de Bretagne.

La résistance d’une femme

Au mariage de François d’Angoulême (futur François Ier) et de Claude de France, fille de Louis XII, d’aucuns pensent à la Reine Anne, morte quelques mois plus tôt, duchesse d’une Bretagne désormais unie au royaume de France. Anne avait pourtant promis à son père sur son lit de mort de garder la Bretagne indépendante d’un roi de France. Malgré qu’elle soit une femme, elle devient duchesse de plein droit. Elle conquiert le cœur de ses sujets et se fiance avec Maximilien d’Autriche mais ce dernier ne consomme pas leur mariage. Et les seigneurs bretons ne sont pas toujours calmes. Anne finit par se résoudre à épouser Charles VIII mais maintient l’indépendance de son duché. A la mort de ce dernier, sans héritier, elle épouse ensuite Louis XII qu’elle a bien connu dans son enfance. Elle lui donne Claude et Renée mais aucun fils. Malgré sa résistance, la Bretagne sera française.

Un destin contrarié

Anne de Bretagne est une figure étonnante qui a laissé un héritage contrasté. Elle a incontestablement échoué à maintenir une Bretagne « indépendante » (mais qui était quand même liée par des liens féodaux au roi de France) mais a incarné son duché. Les bretons seront loyaux envers ses enfants, malgré les vicissitudes du règne de François Ier obsédé par l’Italie. Et quand Henri II monte sur le trône en 1547, il est l’héritier direct d’Anne. Femme de pouvoir, symbole de la Bretagne, Anne fascine aujourd’hui par son destin. Fine politique, elle n’était pas qu’un « ventre », pour reprendre une terminologie de l’époque. Cet album, qui bénéficie d’un solide arrière-plan historique, permet de mieux appréhender cette singulière figure de notre histoire.

Un beau travail en somme.

Sylvain Bonnet

Bertrand Galic & Claire L’Hoër & Gwendal Lemercier, Anne de Bretagne, Glénat/Fayard, mai 2025, 56 pages, 14,95 euros

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