« Ça », l’œuvre maîtresse de Stephen King
En 1986, dans Ça, Stephen King imaginait le clown Pennywise. Un prétexte pour évoquer l’Amérique des années 50, les peurs de l’écrivain et ses souvenirs d’enfance.
Tous les 27 ans, une créature surgit dans les entrailles de Derry, une petite bourgade américaine. Une créature qui s’attaque principalement aux faibles et aux enfants et qui sème la mort sur son passage. Ce monstre peut prendre n’importe quelle forme. Si elle semble affectionner l’apparence de Grippe-Sou, un clown grimaçant et effrayant, elle choisit le plus souvent celle qui effraie le plus sa victime : lépreux, vampire, loup-garou… Il y a une trentaine d’années, un groupe de gamins a réussi à repousser Grippe-Sou, mais il est de retour. Les gamins de la bande ont grandi et vont devoir trouver le courage d’affronter à nouveau la créature qui hante Derry…
Les origines de Ça
« L’idée m’est venu dans le Colorado, pendant que j’écrivais Le Fléau. La transmission de mon AMC Matador avait lâché et ma voiture avait été remorquée jusqu’au garage. J’avais décidé de marché jusqu’à ce dernier. J’ai traversé un petit pont, qui me rappela une histoire de mon enfance. Toute l’histoire a jailli dans ma tête. Pas les personnages, mais la structure temporelle partagée, les petites accélérations qui mènent à un final complexe qui susciterait une absence de temps, tous les monstres ne sont qu’un seul monstre, le troll sous le pont, bien sûr. »
Ça, une horreur autobiographique ?
Ça est un roman complexe, long et ambitieux qui s’étale sur une période de 27 ans et deux cadres temporels précis, avec 7 personnages-clé. Le plus excitant et le plus fascinant, ce ne sont pas les scènes d’épouvante, mais celles où King évoque l’enfance dans les années 50. De ce point de vue, Ça serait ce qu’on peut appeler un roman d’horreur semi-autobiographique. Mais le maître de l’épouvante ne se contente pas seulement d’aligner des souvenirs nostalgiques. Il interroge ses lecteurs sur la maltraitance des enfants et la fragilité des enfants, souvent victimes des adultes.
Ça ou La quintessence du style Stephen King
« Ça, c’est un peu mon examen final sur l’horreur surnaturelle, comme ma thèse de doctorat qui portait sur le même sujet. J’avais déjà fait les vampires, les loups-garous, et là j’ai fait tout ça en même temps, et on appelle cette quintessence Ça, comme sur une affiche de film ».
Lorsque Stephen King évoque son monstre, le cinéma n’est jamais bien loin : « Est-ce que ce ne serait pas génial si on pouvait réunir tous les monstres en un seul ? Tous, Dracula, Frankenstein, le requin des Dents de la mer, le loup-garou, Rodan, la Créature de l’espace, et on l’appellerait Ça ». Une manière aussi pour Stephen King de rendre hommage aux principaux mythes qui ont forgé son imaginaire.
Stéphane Le Troëdec
Les références
Ça (Coffret 2 tomes)
Édité en France par Le Livre de Poche (2 novembre 2017)
17,50 €
800 pages
ISBN-13 : 978-2253083368