Cantique pour les étoiles, un premier roman audacieux

Un nouvel auteur

D’origine philippine, Simon Jimenez est pratiquement inconnu en Europe. Cantique pour les étoiles a remporté un certain succès aux États-Unis et fut nominé pour les prix Locus et Arthur C. Clarke en 2021. Les éditions J’ai lu l’ont traduit l’année dernière et les critiques n’ont pas hésité à comparer Simon Jimenez à Gabriel Garcia Marquez, de quoi susciter de la curiosité et de l’attente.

La voyageuse et l’enfant mystérieux

Nia Imani est capitaine de cargo spatial. Elle effectue des liaisons entre la station Pelican et Umbai-V via la Poche où se contractent l’espace et le temps. Du coup, elle s’est habituée à ce que le temps s’écoule différemment entre son vaisseau et Umbai-V. Là-bas, elle a pris l’habitude de retrouver à chacune de ses escales un certain Kaeda. Ils sont intimes, peut-être amoureux. Mais Kaeda vieillit beaucoup plus vite qu’elle. Il est bientôt un vieillard tandis qu’elle reste encore jeune… Lors de sa dernière escale, il a quatre-vingt cinq ans et a pris sous son aile un jeune garçon rescapé du crash d’une capsule.  Kaeda le prend sous son aile, lui apprend la musique avec une flûte donnée bien des années plus tôt par Nia. Et il lui confie l’enfant.

« Petit malin, marmonna Nia, alors que la flûte glissait de ses doigts et tombait dans le sac. Accroupie, elle se redressa avec un sourire qu’elle-même ne comprenait pas. Elle se passa la paume sur son front en sueur, elle avait la peau brûlante. »

Nia s’attache à l’enfant qui devient bientôt un enjeu. Elle est bientôt envoyée dans un long voyage de quinze années minimums par la mystérieuse et puissante Fumiko. L’enfant doit y développer des capacités hors normes, peut-être en rapport avec la Poche. Que fera Nia ? Le livrera-t-elle ensuite à son employeur ? Et qui est cet enfant ?

Un résultat fascinant et inégal

Pour un premier roman, Cantique pour les étoiles ne manque pas de qualités. Notons tout d’abord une certaine maîtrise narrative et la capacité de donner vie à de nombreux personnages. Le début est d’ailleurs assez déroutant, centré sur Kaeda qui disparaît ensuite de l’action (mais pas de la mémoire des personnages). Cependant, l’histoire souffre de certaines longueurs, particulièrement lors du voyage de Nia et de l’enfant (vite devenu adolescent). Par contre, pour ce qui est de l’influence de Marquez, je reste un peu dubitatif… Simon Jimenez ne manque cependant pas de souffle et on a hâte de lire le successeur de ce Cantique pour les étoiles.

Sylvain Bonnet

Simon Jimenez, Cantique pour les étoiles, traduit de l’anglais par Benoit Domis, J’ai lu « nouveaux millénaires », juin 2021, 480 pages, 22 €

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